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Patriarches et Prophètes
de Dieu, sont responsables des conséquences de leur insouciance.
Les maux que nous pourrions réprimer par notre autorité paternelle
ou pastorale nous sont imputables au même degré que si nous en
étions les auteurs.
Héli ne gouverna pas sa famille selon les principes divins pres-
crits aux parents. Il suivit sa propre méthode. Indulgent, il ferma les
yeux sur les fautes et les péchés de ses fils dans leur jeune âge, en
espérant que ces mauvaises tendances disparaîtraient avec le temps.
Il s’imaginait que sa méthode éducative était meilleure que celle
que Dieu avait donnée dans sa Parole. Il laissa croître chez les siens
des penchants coupables, en se disant qu’ils étaient “trop jeunes
pour être punis, et que ces défauts disparaîtraient avec l’âge”. C’est
ainsi que raisonnent une foule de gens qui oublient que les mau-
vaises habitudes deviennent une seconde nature. Les enfants qui
grandissent sans frein cultivent des traits de caractère dont toute
leur vie se ressentira, et qui, très probablement, se reproduiront chez
d’autres.
Il n’y a pas de plus grand malheur pour une famille que l’insu-
bordination des enfants envers leurs parents. Quand ceux-ci se sou-
mettent à tous leurs désirs et leur permettent des choses défendues,
les enfants perdent bientôt tout respect pour l’autorité paternelle
comme pour l’autorité de Dieu et des hommes. Ils tombent dans les
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filets de Satan. L’influence d’une famille désordonnée est un danger
pour la société ; c’est un flot qui grandit et envahit les foyers, les
communautés et les gouvernements.
Par sa position, Héli exerçait une plus grande influence que s’il
avait été un homme ordinaire. Aussi sa vie de famille fut-elle imitée
par tout Israël. L’effet néfaste de son indolence et de sa négligence
se fit sentir dans des milliers de foyers. De même, les parents qui
se disent religieux et tolèrent le mal chez leurs enfants exposent
la vérité divine à l’opprobre. Le genre de piété d’une famille se
reconnaît aux caractères qui se forment sous son atmosphère. Les
actes parlent plus fort que les belles professions de piété.
Si grands, cependant, que soient les maux résultant de l’infidélité
paternelle, ils sont dix fois plus funestes quand ils existent dans les
foyers des conducteurs de l’Église. La culpabilité de ceux-ci est
d’autant plus grande que leur position est plus élevée.