Héli et ses fils
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Dieu avait promis que la famille d’Aaron existerait à jamais
devant lui. Mais cette promesse était valable à condition de se consa-
crer tout entier à l’œuvre du sanctuaire, sans chercher ses avantages
ni suivre ses inclinations naturelles. Aussi Dieu déclare-t-il : “Loin
de moi cette pensée !” Mis à l’épreuve, Héli et ses fils s’étaient mon-
trés indignes du sacerdoce. Ils n’avaient pas fait leur part : Dieu, qui
avait promis de les bénir, ne pouvait faire la sienne.
L’exemple de ceux qui servent à l’autel doit inspirer aux fidèles la
révérence pour Dieu et la crainte de l’offenser. Quand les serviteurs
du Christ, ceux qui portent aux hommes le message de la réconci-
liation de la part de Dieu, mettent leurs saintes fonctions au service
de leurs intérêts personnels ou de leurs passions, ils deviennent les
meilleurs suppôts de Satan. Semblables à Hophni et Phinées, “ils
attirent le mépris sur les offrandes faites à l’Éternel”. Pendant un
certain temps, ils peuvent cacher leurs vices, mais quand enfin leur
véritable caractère est dévoilé, la foi chrétienne en reçoit une atteinte
souvent désastreuse. Beaucoup éprouvent dès lors de la méfiance
vis-à-vis de tous ceux qui prêchent la Parole de Dieu. Cette question
se pose involontairement dans leur esprit : “Cet homme ne serait-il
pas semblable à celui qui nous paraissait si chrétien, et qui s’est
montré si corrompu” ? La Parole de Dieu perd ainsi son pouvoir sur
les âmes.
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La réprimande qu’Héli adressa à ses fils renferme des paroles
d’une portée solennelle et effrayante que chaque ministre de la Parole
ferait bien de méditer : “Si un homme pèche contre un autre homme,
Dieu peut intervenir ; mais s’il pèche contre l’Éternel, qui intervien-
dra en sa faveur ?” Si les crimes d’Hophni et Phinées n’avaient nui
qu’à leurs semblables, le juge aurait pu obtenir leur pardon en leur
infligeant une peine et en exigeant une restitution. Ou s’ils n’avaient
pas été coupables d’une faute volontaire, on aurait pu présenter pour
eux une offrande pour le péché. Mais leurs forfaits se commettaient
au cours de leur ministère comme prêtres du Très-Haut auquel ils
présentaient eux-mêmes les offrandes pour le péché ! Le service
de Dieu en était si discrédité devant le peuple qu’aucune expiation
en leur faveur ne pouvait être acceptée. Leur propre père, quoique
lui-même grand prêtre, n’osait intercéder pour eux et ne pouvait les
protéger de la colère d’un Dieu saint. De tous les pécheurs, les plus
coupables sont ceux qui exposent au mépris les moyens que Dieu