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Patriarches et Prophètes
Ainsi que beaucoup de nos contemporains, c’était pour lui un acte
de faiblesse que de suivre scrupuleusement les directions divines et
d’attendre son salut uniquement d’un Sauveur à venir. Déterminé à
conserver son indépendance, fort de ses mérites, au lieu de s’appro-
cher de Dieu avec un agneau dont le sang se fût mêlé à son offrande,
il avait apporté du fruit de son travail. Par ce geste, il pensait offrir
à Dieu un hommage qui lui assurât son approbation. Il avait obéi,
il est vrai, en érigeant son autel. Il avait encore obéi en apportant
une offrande ; mais cette obéissance était incomplète. Il y manquait
l’élément essentiel : l’aveu du besoin d’un Rédempteur.
Du point de vue de leur instruction religieuse, les deux frères
étaient égaux. Pécheurs tous les deux, ils reconnaissaient également
leur devoir d’adorer Dieu et de le révérer. Jusqu’à un certain point,
vue superficiellement, leur religion était la même. Passé cette limite,
la différence était énorme.
“Par la foi, Abel offrit à Dieu un sacrifice meilleur que celui de
Caïn
” Abel avait compris les grands principes de la rédemption.
Se reconnaissant pécheur, il voyait se dresser entre l’Éternel et lui
toute sa culpabilité et la mort qui en est la pénalité. En offrant une
victime sanglante, il s’inclinait devant la loi de Dieu violée par lui,
et contemplait dans le sang de cette même victime un Sauveur qui
devait mourir à sa place. C’est ainsi qu’il avait tout à la fois et
l’assurance que son offrande était agréée, et le témoignage de sa
justification.
Caïn n’était nullement victime d’une décision arbitraire. Autant
qu’Abel, il avait eu l’occasion d’apprendre et d’accepter la vérité.
C’est une erreur de croire que l’un des deux frères avait été élu pour
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le salut, et l’autre pour la perdition. Abel choisit la foi et l’obéis-
sance ; Caïn opta pour le doute et l’insoumission. Là était toute la
différence.
Caïn et Abel représentent deux catégories d’individus que l’on
rencontrera jusqu’à la fin. Les uns acceptent le sacrifice offert pour
délivrer l’homme de son péché ; les autres courent le risque de
se confier en leurs propres mérites, c’est-à-dire d’offrir à Dieu un
sacrifice privé de vertu expiatoire, et partant incapable de récon-
cilier l’homme avec Dieu. Ces derniers veulent ignorer que seuls
* .
Genèse 5 :1, 3