508
Patriarches et Prophètes
Si Baal ne pouvait défendre son autel, comment aurait-il pu protéger
ses adorateurs ?
Toute idée de représailles contre Gédéon étant abandonnée, ce
dernier sonne la trompette de guerre et rallie tout d’abord sous son
étendard les gens d’Ophra. Des messagers sont envoyés dans la tribu
de Manassé comme dans celles d’Aser, de Zabulon et de Nephtali et
toutes répondent à l’appel.
Avant de se mettre à la tête de son armée, Gédéon tient cependant
à s’assurer encore que l’appel vient de Dieu. Il fait donc cette prière :
“Si tu veux délivrer Israël par ma main, comme tu l’as dit, eh bien !
je mettrai une toison dans l’aire ; si la rosée se pose sur la toison
seule et que la terre reste sèche, je connaîtrai que tu délivreras Israël
par ma main, comme tu l’as promis.” Au matin, Gédéon trouve la
toison humide, alors que la terre est sèche. Mais un doute s’élève
encore dans l’esprit du guerrier : l’épreuve peut n’être pas décisive,
puisque la laine absorbe tout naturellement l’humidité de l’air. Il
demande alors au Seigneur de lui donner la preuve inverse, tout en le
suppliant de ne pas prendre en mauvaise part son extrême prudence.
Sa requête lui est accordée, et, fort de cet encouragement, Gédéon,
suivi de sa troupe, se met en marche contre les envahisseurs.
Or, “tous les Amalécites, les Madianites et les fils de l’Orient
se rassemblèrent ; ils passèrent le Jourdain et campèrent dans la
vallée de Jizréel”.Gédéon n’avait que trente-deux mille hommes à
opposer à une immense armée. Et cependant, il entend de l’Éternel
cette étrange parole : “Le peuple qui est avec toi est trop nombreux
pour que je livre les Madianites entre ses mains. Israël s’attribuerait
la gloire qui m’appartient, en disant : C’est ma main qui m’a déli-
[537]
vré. Maintenant donc, fais publier aux oreilles du peuple cet avis :
Que celui qui a peur et qui tremble s’en retourne et se retire de la
montagne de Galaad.”
Il était évident que ceux qui craignaient d’affronter le danger
ou les privations, ou étaient attachés à des intérêts matériels consti-
tuaient plutôt un élément de faiblesse pour l’armée d’Israël. En outre,
une loi exigeait qu’avant le départ d’une armée pour la guerre, on
lût cette proclamation : “Qui parmi vous a bâti une maison neuve,
sans en avoir encore pris possession ? Que celui-là s’en aille et re-
tourne chez lui, de peur qu’il ne meure dans la bataille, et qu’un
autre n’entre en possession de cette maison. Si quelqu’un d’entre