Page 511 - Patriarches et Proph

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Les premiers juges
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est avec toi !” Gédéon répondit : “Hélas ! mon Seigneur, si l’Éternel
est avec nous, pourquoi donc tous ces malheurs nous sont-ils arrivés ?
Où sont toutes ces merveilles que nos pères nous ont racontées, en
disant : L’Éternel ne nous a-t-il pas fait sortir de l’Égypte ? Car
maintenant l’Éternel nous a abandonnés et nous a livrés entre les
mains des Madianites.” L’ange reprit : “Va avec cette force que tu
as, et délivre Israël de la main des Madianites. N’est-ce pas moi qui
t’envoie ?”
Gédéon demande alors un signe lui prouvant que celui qui lui
parle est bien l’ange de l’Éternel qui, dans le passé, a délivré Israël.
Et, se rappelant que les anges venus un jour conférer avec Abraham
avaient accepté son hospitalité, il invite le divin messager à prendre
quelque nourriture. Il court à sa tente et tire, de ses minces provisions,
un chevreau de lait et des gâteaux sans levain qu’il apporte à son
hôte. L’ange lui dit : “Prends la viande et les gâteaux sans levain ;
dépose-les sur ce rocher, et répands le jus.” Gédéon obéit, et il voit
alors le signe demandé : l’ange touche ces mets du bout de son
bâton ; une flamme sort du rocher, consume le repas, puis l’auguste
visiteur disparaît.
Joas, père de Gédéon, qui participait à l’apostasie de ses com-
patriotes, avait élevé à Ophra, son lieu de résidence, un grand autel
à Baal, devant lequel les gens de la ville venaient adorer ce dieu.
Gédéon reçoit l’ordre d’abattre cet autel, d’en élever un autre à sa
place, sur le rocher même où son offrande a été consumée, et d’y
offrir un holocauste à l’Eternel. Il fallait que la délivrance d’Israël
fût précédée d’une protestation solennelle contre le culte de Baal.
Or, l’auteur de la loi des sacrifices avait le droit d’autoriser le fils de
Joas, qui n’appartenait pas au sacerdoce, à offrir ce sacrifice.
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Gédéon exécute fidèlement les ordres donnés. Mais, s’il le fait
en plein jour, il devra affronter une vive opposition ; il opère donc
en secret. Aidé de ses serviteurs, il accomplit tout en une nuit. Au
matin, quand les hommes d’Ophra viennent faire leurs dévotions à
Baal, leur fureur est telle qu’ils veulent mettre à mort Gédéon. Mais
Joas, auquel on avait raconté la visite de l’ange, prend la défense de
son fils : “Est-ce à vous, dit-il, de prendre parti pour Baal ? Est-ce à
vous de lui porter secours ? Quiconque prendra parti pour Baal sera
mis à mort aujourd’hui même.” Le rude vieillard ajoute : “S’il est
dieu, qu’il plaide sa cause lui-même, puisqu’on a démoli son autel !”