Page 486 - Patriarches et Proph

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Patriarches et Prophètes
n’avaient pas bâties ; des vignes et des oliviers qu’ils n’avaient pas
plantés. Une fois de plus, pour prouver aux princes d’Israël l’amour
et la miséricorde du Père céleste et pour éveiller en eux le désir de
le servir “avec droiture et fidélité”, Josué passe en revue devant eux
l’histoire du peuple et les interventions merveilleuses de Dieu en sa
faveur.
La solennité de cette réunion est rehaussée par la présence de
l’arche, symbole de celle de Dieu. Josué l’a fait apporter de Silo
afin de rendre plus profonde l’impression qu’il désire produire sur
ses auditeurs. En outre, le culte des idoles étant encore pratiqué
secrètement par un certain nombre d’Israélites, Josué se propose
d’amener le peuple à bannir radicalement ce péché de son sein et
met ses représentants en demeure de prendre une décision libre et
formelle. “S’il vous déplaît de servir l’Éternel, leur dit-il, choisissez
aujourd’hui qui vous voulez servir.”
Mais il comprend qu’on ne peut “servir l’Éternel” par contrainte,
mais de bon gré ; que la seule source d’une vraie piété, c’est l’amour ;
qu’adorer Dieu par crainte du châtiment ou par attrait des récom-
penses n’a aucune valeur, et qu’une apostasie flagrante n’est pas plus
odieuse à l’Éternel qu’un culte hypocrite ou simplement formaliste.
Le vénérable chef d’Israël presse donc son peuple d’examiner
sous toutes ses faces la question qu’il lui soumet, et de décider s’il
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désire réellement vivre comme les nations idolâtres d’alentour. S’il
ne vous est pas agréable d’adorer l’Éternel, source de tout bienfait,
leur dit-il, décidez aujourd’hui qui vous voulez adorer, “ou les dieux
qu’ont servis vos pères au-delà du fleuve”, loin desquels Abraham a
été appelé, “ou les dieux des Amoréens, dans le pays desquels vous
habitez”.
Ces dernières paroles renfermaient un vif reproche à l’adresse
d’Israël. Les dieux des Amoréens n’avaient pu protéger leurs adora-
teurs. Cette nation impie et corrompue avait disparu et le sol fécond
qu’elle occupait était passé entre les mains du peuple de Dieu. Aussi,
quel comble d’inconséquence pour Israël d’opter pour les divinités
dont les adorateurs avaient été retranchés de la terre ! “Pour moi et
ma maison, conclut le vieux capitaine, nous servirons l’Éternel.” Le
saint zèle qui l’anime se communique alors à l’assemblée, qui lui
fait spontanément cette réponse unanime : “Loin de nous la pensée
d’abandonner l’Éternel pour servir d’autres dieux !”