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Patriarches et Prophètes
passer le Jourdain. Pour ce peuple de bergers, les larges plateaux
et les riches forêts de Galaad et de Basan, ainsi que leurs vastes
pâturages, avaient plus d’intérêt que le pays de Canaan proprement
dit. Mais elles s’étaient engagées à fournir à leurs frères un certain
nombre d’hommes armés jusqu’à la fin de la conquête. A cet effet,
lors de l’entrée en Canaan, un contingent de “quarante mille hommes
équipés pour la guerre” avaient “passé en armes devant le peuple
... pour combattre, dans les plaines de Jéricho
. Ces soldats ne
rentrèrent dans leurs foyers qu’après avoir vaillamment combattu
avec leurs frères pendant des années. Ayant pris part aux luttes,
ils se partagèrent le butin et s’en retournèrent “dans leurs tentes
avec de grandes richesses, avec des troupeaux fort nombreux et
avec de l’argent, de l’or, de l’airain, du fer, des vêtements en grande
abondance”, qu’ils furent invités à “partager avec leurs frères” restés
avec les familles et les troupeaux
Leur installation dans une région éloignée du sanctuaire ne laissa
pas de causer une vive anxiété à Josué, qui savait combien ils se-
raient tentés, dans leur isolement et leur vie nomade, d’adopter les
coutumes des tribus païennes entourant leurs frontières. Son esprit et
celui de quelques autres chefs étaient encore en proie à ces sombres
pressentiments, lorsqu’une étrange nouvelle leur parvint. Sur les
bords du Jourdain, près de l’endroit où avait eu lieu le passage mira-
culeux, les deux tribus et demie avaient dressé un grand autel tout
semblable à l’autel des sacrifices de Silo. Or, il était sévèrement
interdit, par la loi de Dieu, d’instituer un autre culte que celui du
sanctuaire. Si tel eût été l’objet de cet autel, il aurait éloigné le peuple
de la vraie foi.
Dans la chaleur de leur émotion et de leur indignation, les repré-
sentants du peuple, assemblés à Silo, proposèrent que ces mécréants
fussent immédiatement passés par les armes. Grâce à l’intervention
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d’esprits plus pondérés, on décida de leur envoyer une députation
chargée de demander aux deux tribus et demie une explication de
leur conduite. A cet effet, on choisit dix chefs, un par tribu, ayant
à leur tête Phinées, le prêtre qui s’était distingué dans l’affaire de
Péor.
* .
Josué 4 :12, 13
* .
Voir
Josué 22