Page 481 - Patriarches et Proph

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Le partage de Canaan
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Persuadés que leurs frères étaient coupables, les ambassadeurs
leur adressèrent une sévère remontrance : ils les accusèrent de s’être
rebellés contre Dieu et les invitèrent à se souvenir comment il avait
châtié Israël à Baal-Péor. Au nom de tout Israël, Phinées offrit gé-
néreusement aux enfants de Gad et de Ruben, au cas où il leur
paraîtrait dur d’habiter un pays privé de l’autel des holocaustes, de
partager avec leurs frères les territoires de l’autre côté du fleuve, où
ils pourraient jouir des mêmes privilèges.
Les deux tribus et demie avaient commis une erreur en se permet-
tant, sans explication préalable, un acte prêtant à de graves soupçons
et sur les motifs duquel on s’était complètement mépris. Mais les
accusés expliquèrent que leur autel n’était pas érigé pour y offrir
des sacrifices. Séparés de leurs frères par le Jourdain, ils voulaient
simplement manifester qu’ils n’avaient pas d’autre culte et qu’ils
professaient la même foi qu’eux. Ils craignaient aussi de se voir, à
l’avenir, eux et leurs enfants, exclus du tabernacle sous le prétexte
qu’ils ne faisaient point partie d’Israël. Cet autel, construit sur le
modèle de celui de l’Éternel à Silo, avait donc uniquement pour but
de prouver que ceux qui l’avaient érigé étaient, eux aussi, adorateurs
du Dieu vivant.
Pleins de joie, les députés de Canaan acceptèrent cette explica-
tion et ils s’en allèrent immédiatement porter cette bonne nouvelle à
ceux qui les avaient envoyés, et chez qui tout sentiment belliqueux
fit place à des actions de grâces et à des réjouissances. Pour prévenir
tout genre de tentation et tout futur malentendu, les enfants de Gad
et de Ruben placèrent sur leur autel cette inscription qui en indiquait
l’usage et le but : “Cet autel est témoin entre nous que l’Éternel seul
est Dieu.”
Combien de querelles naissent de simples malentendus, même
entre personnes animées des meilleures intentions ! Et quelles consé-
quences graves et même fatales elles engendreraient si l’on perdait
de vue la courtoisie et la bienveillance ! Les dix tribus, qui se rappe-
laient leur manque de vigilance et de promptitude à propos d’Acan,
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avaient voulu agir, cette fois, avec plus d’énergie et de rapidité. Mal-
heureusement, en voulant éviter une erreur, elles étaient tombées
dans l’erreur opposée. Au lieu de se livrer d’abord à une enquête
courtoise, leurs délégués avaient abordé leurs frères avec des paroles
de censure et de condamnation. Si les gens de Gad et de Ruben