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Patriarches et Prophètes
La confession d’Acan était venue trop tard pour qu’elle pût lui
profiter. Il avait vu l’armée d’Israël revenir d’Aï battue et découra-
gée ; il avait vu Josué et les anciens courbés vers la terre dans une
angoisse inexprimable. S’il avait fait sa confession alors, il aurait
donné quelque preuve d’un vrai repentir. Mais il garda le silence.
Il entendit annoncer qu’un grand péché, dont on précisait la na-
ture, avait été commis ; mais ses lèvres restèrent closes. Puis on
commença à tirer au sort. L’âme glacée d’épouvante, il vit succes-
sivement désigner sa tribu, puis son clan, puis sa famille ! Mais là
encore, il se refusa à balbutier le moindre aveu. Il attendit que le
doigt de Dieu se fût posé sur lui et ne parla que lorsqu’il n’y eût plus
moyen de rien cacher.
Il est fréquent, hélas ! ce genre de confession où l’on ne recon-
naît sa faute qu’après son dévoilement à tous les regards. Qu’il est
différent, le repentir de celui qui avoue un péché connu seulement
de lui-même et de Dieu ! Acan n’eût pas même confessé sa faute s’il
n’avait espéré éviter, par là, les conséquences de son vol. Lorsque
sa confession se produisit enfin, elle ne servit qu’à montrer que
son châtiment était juste. Elle ne renfermait ni repentir sincère, ni
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contrition, ni changement de disposition, ni horreur du mal.
Telle est la confession que feront les coupables devant le tribunal
de Dieu, lorsque le sort de chacun aura été décidé soit pour la vie,
soit pour la mort. La punition qui leur sera infligée arrachera un plein
aveu de toutes les bouches. Cet aveu, sur les lèvres des réprouvés,
jaillira, irrésistiblement, d’un sentiment écrasant de leur culpabilité
et de “l’attente terrible du jugement
. Mais ces confessions ne les
sauveront pas.
Beaucoup, semblables à Acan, se rassurent par la pensée que
s’ils peuvent cacher leurs transgressions aux hommes, Dieu ne leur
en tiendra pas compte. Ces péchés les retrouveront bel et bien un
jour, mais trop tard, hélas ! et cela quand ils ne pourront plus être
expiés ni par sacrifices ni par offrandes. Quand les registres du ciel
seront ouverts, ce ne sera pas en paroles que le grand juge déclarera
leur culpabilité aux impénitents. Son regard accusateur et pénétrant
rappellera si vivement à leur mémoire chacun des actes et chacune
des circonstances de leur vie qu’il ne sera pas nécessaire, comme
* .
Hébreux 10 :27