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La prise de Jéricho
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par les trompettes, l’armée devait pousser une grande clameur : c’est
alors que Dieu leur livrerait la ville.
Les nombreux bataillons d’Israël reprirent leur marche solen-
nelle autour des murailles. Tout était silencieux : on n’entendait
que le bruit cadencé de pieds innombrables frappant le sol et le son
des trompettes, qui rompait de temps en temps le calme du matin.
Les épais remparts de Jéricho semblaient défier tous les efforts de
l’homme. Cependant les sentinelles sentirent leur effroi grandir, lors-
qu’au premier tour de l’armée elles en virent succéder un deuxième,
puis un troisième, un quatrième, un cinquième, un sixième... Quel
pouvait bien être le but de ces mystérieuses marches ? De quel évé-
nement extraordinaire et imminent pouvaient-elles être le signal ?
Elles n’eurent pas longtemps à attendre. Le septième circuit com-
plété, l’armée s’arrêta. Les trompettes, qui depuis quelque temps
étaient restées silencieuses, firent tout à coup entendre des éclats
si terribles qu’on crut sentir trembler la terre. Alors les massives
murailles de la ville, leurs tours et leurs créneaux, ébranlés par la
base, oscillèrent et vinrent s’abattre lourdement sur le sol au milieu
d’un effroyable fracas. Paralysés de terreur, les habitants n’offrirent
aucune résistance à l’armée israélite qui prit possession de la cité.
Cette victoire n’était donc pas due à la valeur humaine, mais
entièrement au bras de l’Éternel. Aussi, de même que les premiers
fruits de la terre, Jéricho, avec tout ce qu’elle renfermait, devait
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lui être consacrée. Il s’agissait de faire comprendre à Israël que la
conquête de Canaan ne devait pas avoir la cupidité pour mobile, et
que le peuple devait se borner à être un instrument entre les mains de
Dieu, son Roi. La consigne donnée avait été la suivante : “La ville
sera vouée à l’Éternel par interdit, elle et tout ce qu’elle contient.
... Gardez-vous de ce que vous aurez voué à l’interdit, ... car vous
mettriez en interdit le camp d’Israël, et vous y jetteriez le trouble.”
On fit passer au fil de l’épée “hommes et femmes, enfants et
vieillards, jusqu’aux bœufs, aux brebis et aux ânes”. Seules, selon
la parole des espions, la fidèle Rahab et sa famille furent épargnées.
Puis on mit le feu à la ville. Ses palais, ses temples, ses demeures
somptueuses, ses ameublements de luxe, ses riches draperies et ses
vêtements précieux : tout fut livré aux flammes. Ce qui ne pouvait
être consumé, “l’or, l’argent, et les objets d’airain et de fer”, on le
mit dans le trésor de la maison de l’Éternel.