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Patriarches et Prophètes
Puis Josué entend cet ordre, autrefois donné à Moïse en Ho-
reb : “Ote les chaussures de tes pieds ; car le lieu où tu te tiens est
saint.” Cette parole révèle au conducteur d’Israël l’identité du mys-
térieux étranger, qui n’est autre que le Fils de Dieu. Saisi d’effroi,
il tombe sur sa face devant l’auguste personnage, adore, et entend
cette promesse : “Regarde, j’ai livré entre tes mains Jéricho, son roi,
ses vaillants guerriers.” Et il reçoit des instructions précises sur la
manière de s’emparer de la ville.
Obéissant à ces instructions, Josué met l’armée d’Israël en ordre
de marche. Aucun assaut ne sera donné. Il s’agira simplement de
faire, au son des trompettes, le tour de la ville. La tête de l’armée
était composée d’une troupe d’élite, à laquelle on ne demanda ni
valeur ni prouesses, mais une simple obéissance aux ordres donnés.
Puis venait l’arche auréolée de gloire et portée par les prêtres re-
vêtus de leurs vêtements sacrés. L’armée suivait, chaque tribu sous
son étendard. Telle était la procession guerrière qui fit le tour de la
ville condamnée. On n’entendait d’autre bruit que celui des pas des
hommes et le son lugubre des trompettes répercuté par les collines
et résonnant jusque dans les rues de Jéricho. Après chaque circon-
volution, Israël rentrait silencieusement sous ses tentes, et l’arche
venait s’abriter dans le tabernacle.
Pâles de craintes et d’alarmes, les sentinelles de Jéricho sur-
veillaient attentivement tous les mouvements de l’armée israélite et
en informaient les autorités, qui se demandaient ce que pouvait si-
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gnifier cette mystérieuse démonstration. A la vue de cette multitude
accompagnée de l’arche sainte et des sacrificateurs faisant chaque
jour le tour de leur ville, les prêtres et le peuple furent saisis de
frayeur. On examina à nouveau les murailles pour s’assurer qu’elles
pourraient résister à la plus furieuse attaque. Parmi eux, cependant,
plusieurs trouvaient ridicule la pensée que ces bizarres processions
pussent leur faire le moindre mal. D’autres, qui ne voyaient pas ce
spectacle sans effroi, se rappelaient que la mer Rouge s’était parta-
gée devant cette nation et que, tout récemment, le Jourdain lui avait
livré passage. Ils ne doutaient pas que Dieu ne fît pour elle quelque
nouveau miracle.
Le même programme se déroula six jours de suite. Le septième,
de très bonne heure, Josué rallia ses troupes et leur enjoignit de faire,
ce jour-là, sept fois le tour de la ville, après quoi, à un signal donné