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Balaam
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Balaam avouait qu’il était venu dans le dessein de maudire Is-
raël, alors que ses paroles étaient diamétralement opposées ! Celui
qu’il brûlait de maudire, il était contraint de le bénir ! On lui avait
représenté ce peuple qui répandait la terreur dans les pays environ-
nants comme une multitude grossière et turbulente, dont les bandes
vagabondes infestaient le pays. Et Balaam, les yeux arrêtés sur le
camp d’Israël, contemple sa vaste étendue et sa belle ordonnance, où
tout proclame la prospérité, la discipline et l’ordre le plus parfait. Il
reconnaît la faveur dont Dieu entoure Israël et son caractère distinctif
qui ne doit pas être placé au niveau des autres, mais au-dessus d’eux
tous : “C’est un peuple, dit-il, qui a sa demeure à part, et qui ne se
confond pas avec les autres nations.”
A l’époque où ces paroles étaient prononcées, les Hébreux
n’avaient pas de territoire ; leur caractère, leurs mœurs et leurs cou-
tumes étaient inconnus de Balaam. Et pourtant, de quelle manière
saisissante cette prédiction n’allait-elle pas s’accomplir dans l’his-
toire d’Israël, aussi bien durant les années de leur captivité future
qu’à travers les siècles de leur dispersion parmi tous les peuples ! Il
en est de même aujourd’hui du peuple de Dieu, du véritable Israël.
Quoique dispersé sur toute la terre, il n’est qu’un pèlerin dont la cité
est au ciel.
La vision accordée à Balaam ne lui révèle pas seulement l’his-
toire du peuple hébreu comme nation. Il contemple aussi l’accrois-
sement et la prospérité du peuple de Dieu jusqu’à la fin des temps.
Il voit ceux qui aiment et craignent l’Éternel entourés d’une faveur
spéciale et soutenus par le Tout-Puissant lorsqu’ils descendent dans
la vallée de l’ombre de la mort. Puis il les aperçoit sortant de leurs
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sépulcres, couronnés de gloire, d’honneur et d’immortalité, et goû-
tant avec délices les joies édéniques de la nouvelle terre. Transporté
à la vue de ce spectacle, le prophète, malgré lui, s’écrie : “Qui pour-
rait compter les grains de poussière de Jacob, et dénombrer le quart
des enfants d’Israël ?” Enfin, remarquant leurs fronts ornés d’une
couronne de gloire et leurs visages rayonnant d’une joie ineffable,
Balaam, à la pensée d’une vie de bonheur parfait et sans terme, laisse
échapper ce cri : “Que je meure de la mort des justes, et que ma fin
soit semblable à la leur !”
S’il avait été disposé à accepter la lumière qui venait de briller à
ses yeux, il aurait à l’instant réalisé ce vœu et coupé court à toutes ses