Balaam
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Et ils ont marché au gré de leurs désirs
Que celui qui voit clairement son devoir prenne garde de ne pas
s’aventurer à prier Dieu de l’en exempter. Qu’il lui demande plutôt,
d’un cœur humble et soumis, la force et la sagesse de lui obéir.
Les Moabites étaient un peuple dégradé et idolâtre. Mais en
comparaison des lumières reçues, ils n’étaient pas aussi coupables
que Balaam. Ce voyant est donc autorisé à se rendre chez Balak ;
mais comme il se donne pour un prophète du Très-Haut et que
chacune de ses paroles va être considérée comme inspirée, Dieu
ne lui permettra pas de dire ce qu’il lui plaira : il l’obligera à ne
prononcer que les paroles qu’il lui mettra dans la bouche. “Tu ne
feras que ce que je te dirai.”
Cependant, les messagers de Moab, contrariés du nouveau délai
qu’on leur demandait et s’attendant à un deuxième refus, s’étaient
remis en route. Balaam n’avait donc plus d’excuse pour se rendre
auprès de Balak. Néanmoins, déterminé à profiter d’une si belle
occasion de s’enrichir, il bâte sa monture ordinaire et se met en
voyage. Craignant même que la permission divine ne lui soit retirée
et que le pécule convoité ne lui échappe, il presse vigoureusement
l’allure de sa bête.
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Tout à coup, un “ange de l’Éternel se place sur le chemin pour
s’opposer à lui”. L’ânesse, apercevant le divin messager invisible au
“voyant”, quitte la route et s’engage dans un champ. A force de la
frapper, Balaam réussit à la ramener sur le chemin. Un peu plus loin,
le voyageur arrive à un endroit où la route est resserrée de chaque
côté par un mur, et où l’ange l’attend. L’animal, pour éviter cette
apparition terrifiante, se jette contre la muraille et foule le pied de
son maître. Celui-ci, exaspéré, et ne voyant pas que Dieu lui barre
le chemin, le roue de coups pour le faire avancer. Mais bientôt il
se trouve “dans un passage étroit où il n’y a pas d’espace pour se
détourner ni à droite ni à gauche”, et où l’ange de l’Éternel reparaît
une troisième fois, comme auparavant, dans une attitude menaçante.
La pauvre bête, tremblante de frayeur, s’arrête brusquement et s’abat
sous son cavalier. Hors de lui, Balaam se remet à la frapper plus
cruellement que jamais. Dieu alors arrête la démence du prophète.
L’ânesse muette, faisant entendre une voix humaine, lui dit :“Que
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Psaumes 81 :12, 13