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Patriarches et Prophètes
avec celui-ci, il avait offensé Dieu à Kadès, en s’écartant de l’ordre
reçu de parler au rocher.
Dieu désirait faire de ces deux conducteurs de son peuple des
représentants de son Fils. Aaron avait porté sur sa poitrine les noms
des tribus d’Israël et annoncé au peuple la volonté de Dieu. Mé-
diateur d’Israël aux jours des expiations, il avait porté le sang de la
victime symbolique dans le lieu très saint, et en était ressorti pour
bénir Israël, de même que Jésus-Christ viendra bénir son peuple
quand son œuvre de propitiation sera terminée. C’est la dignité et
le caractère symbolique de cette auguste charge qui avaient donné
toute sa gravité au péché de Kadès.
A cause de ce péché, il devait renoncer au privilège d’exercer
la souveraine prêtrise dans la terre de Canaan, d’offrir le premier
sacrifice consacrant la prise de possession du pays. Quant à Moïse, il
continuera de conduire Israël jusqu’à la frontière. Combien l’avenir
de ces deux hommes eût été différent s’ils avaient supporté sans
murmure l’épreuve qui les attendait au rocher de Kadès ! Que de
conséquences une seule faute peut engendrer ! L’œuvre d’une vie
entière peut ne pas se relever d’un écart commis en un seul moment
de tentation ou d’inadvertance.
Douloureusement affecté, Moïse dépouilla Aaron de ses vête-
ments sacrés et en revêtit Éléazar qui devenait ainsi, de par autorité
divine, le successeur de son père.
L’absence des deux conducteurs d’Israël et le fait qu’ils étaient
accompagnés d’Éléazar qui, on le savait, était appelé à succéder
à son père, causa une vive émotion dans le camp où leur retour
était attendu avec une impatience angoissée. De sombres pensées
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agitaient les cœurs de ceux qui songeaient à la sentence prononcée
contre Moïse et Aaron. Chez les quelques personnes qui avaient
connaissance du but de cette mystérieuse ascension, la crainte pour
leurs chefs s’augmentait d’amers souvenirs et de remords.
Finalement, on discerna, descendant lentement de la montagne,
les silhouettes estompées de Moïse et d’Éléazar, qui avait revêtu
les vêtements sacerdotaux de son père absent. Éplorée, la foule se
rassembla autour de Moïse, qui annonça qu’Aaron s’était éteint dans
ses bras au sommet du mont Hor, où Éléazar et lui l’avaient inhumé.
A l’ouïe de la mort de ce chef universellement aimé, auquel on avait
si souvent causé du chagrin, la congrégation versa des larmes et