Le rocher symbolique — Moïse à Kadès
377
fois que Dieu avait chargé Moïse de prononcer devant le peuple
des paroles pénibles à dire et à entendre, il l’avait soutenu dans la
délivrance de son message. Mais ici, le prophète avait censuré le
peuple de son propre chef, et il avait ainsi contristé l’Esprit de Dieu
et fait du tort à Israël.
[396]
Il avait manqué de patience et de calme, et le peuple en profita
pour se demander si, dans le passé, il avait été dirigé par Dieu. Pour
excuser ses propres péchés, il en vint à se demander si la conduite
de Moïse, aussi bien que la sienne, n’était pas exempte de blâme.
On avait enfin trouvé un prétexte pour repousser toutes les censures
que Dieu prononça par l’intermédiaire de son serviteur.
En demandant : “Vous ferons-
nous
sortir de l’eau de ce rocher ?”
Moïse manqua de confiance en Dieu et laissa entendre qu’il ne ferait
pas ce qu’il avait promis. Aussi Dieu dit-il à Moïse et à Aaron :
“Vous n’avez pas cru en moi, de manière à me sanctifier aux yeux
des enfants d’Israël.” Au moment où l’eau avait fait défaut, en effet,
leur foi avait été ébranlée par les murmures du peuple. La première
génération fut condamnée à périr dans le désert à cause de son
incrédulité, et maintenant la même disposition reparaissait chez leurs
enfants. Ces derniers vont-ils subir le même sort ? Telles étaient les
réflexions de Moïse et d’Aaron. Las et découragés, ils ne firent rien
pour enrayer le courant du sentiment populaire. S’ils avaient eux-
mêmes manifesté une foi inébranlable en Dieu, ils auraient pu, par
des paroles d’encouragement, aider le peuple à surmonter l’épreuve.
En exerçant d’une façon prompte et énergique l’autorité dont ils
étaient investis, ils auraient pu arrêter les récriminations. Avant de
réclamer le secours de Dieu, leur devoir était de faire tout ce qui
dépendait d’eux pour remédier à la situation. Que de maux auraient
été évités si les murmures à Kadès avaient été réprimés !
Par son acte inconsidéré, Moïse en outre annulait un enseigne-
ment que Dieu se proposait de donner. Le rocher qui, tout au début,
devait être frappé une fois seulement symbolisait le Messie qui serait
immolé “une seule fois”. La seconde fois, il aurait suffi de parler au
rocher, tout comme il nous suffit, aujourd’hui, de demander à Dieu
ses bienfaits au nom de Jésus. En frappant le rocher une seconde
fois, Moïse défigurait ce bel emblème.
Il y avait plus encore. Moïse et Aaron s’étaient arrogé un pou-
voir qui n’appartient qu’à Dieu. L’intervention divine donna à cette