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Patriarches et Prophètes
partant sur Dieu lui-même : “La femme que
tu m’as donnée
pour
compagne, m’a offert ce fruit et j’en ai mangé.” Celui qui, par amour
pour Ève, s’est froidement déterminé à sacrifier l’approbation de
Dieu, le Paradis et une vie éternelle de joie, n’hésite pas, en ce
moment, à rejeter la responsabilité de sa faute sur sa compagne et
sur le Créateur ! Telle est la puissance du péché !
Dieu interroge la femme : “Pourquoi as-tu fait cela ?” Elle ré-
pond : “Le serpent m’a séduite ; et j’ai mangé ce fruit.” Pourquoi
as-tu créé le serpent ? Pourquoi l’as-tu laissé pénétrer dans l’Éden ?
Tels étaient les reproches impliqués dans l’excuse d’Ève. De même
qu’Adam, elle rejette sur Dieu la faute de leur commune désobéis-
sance. L’esprit de justification a pour auteur le père du mensonge.
Manifesté par nos premiers parents aussitôt qu’ils eurent subi l’as-
cendant de Satan, il s’est reproduit, depuis, chez tous les fils et toutes
les filles d’Adam. Au lieu de confesser humblement son péché, on
cherche à s’en disculper et à le rejeter sur ses semblables, sur les
circonstances et sur Dieu. On va jusqu’à prendre occasion de ses
bienfaits pour murmurer contre lui !
L’Éternel prononce alors la condamnation du serpent : “Parce
que tu as fait cela, tu seras maudit entre tous les animaux et toutes
les bêtes des champs ; tu ramperas sur ton ventre, et tu mangeras la
poussière tous les jours de ta vie.” Utilisé comme instrument par
Satan, le serpent devra partager son châtiment. De la plus gracieuse
et la plus admirée des créatures des champs, il va devenir la plus
abjecte et la plus détestée de toutes, également redoutée et haïe des
hommes et des bêtes. La deuxième partie de la sentence s’applique
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directement à Satan lui-même dont elle annonce la défaite et la
destruction finales : “Et je mettrai de l’inimitié entre toi et la femme ;
entre ta postérité et sa postérité ; elle t’écrasera la tête, et toi, tu la
blesseras au talon.”
Ève entend ensuite les chagrins et les douleurs qui doivent être
désormais sa portion. L’Éternel lui dit : “Tes désirs se porteront
sur ton mari, et il dominera sur toi.” En la créant, Dieu avait fait
Ève égale à Adam. S’ils étaient restés obéissants à Dieu, en har-
monie avec sa grande loi d’amour, l’accord le plus parfait n’eût
cesser d’exister entre eux. Mais le péché avait engendré la discorde
et, dès lors, l’union et l’harmonie ne pouvaient se maintenir que
par la soumission de l’un ou de l’autre des époux. Or, Ève avait