Les douze espions
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gneur, leur pays était acquis à Israël. Mais le faux rapport des espions
infidèles avait comme ensorcelé la congrégation. L’œuvre des traîtres
avait réussi. L’incrédulité d’Israël était telle que s’il y avait eu dix
espions contre deux pour encourager le peuple à marcher de l’avant
au nom de l’Éternel, ils auraient pris l’avis des deux contre les dix.
Ceux-ci, sans plus de gêne, dénoncèrent bruyamment Caleb et
Josué. On cria bientôt qu’il fallait les lapider ; la populace en dé-
mence ramassa divers projectiles et s’élança contre eux en poussant
des cris de rage. Soudain les pierres tombèrent des mains. Il se pro-
duisit un grand silence, et la foule se mit à trembler de frayeur. Dieu
intervenait pour arrêter son dessein meurtrier. A la vue du peuple en-
tier, la gloire de sa présence illumina tout à coup le tabernacle d’une
clarté flamboyante. Un Être plus puissant était là, devant lequel nul
n’osa continuer la résistance. Les espions mensongers, frappés de
terreur, coururent haletants se blottir sous leurs tentes.
Moïse étant entré dans le tabernacle, l’Éternel lui dit : “Jusques
à quand ce peuple me méprisera-t-il ?... Je le frapperai de la peste
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et je le détruirai ; mais je te ferai devenir toi-même une nation plus
grande et plus puissante que celle-ci.” Moïse ne peut consentir à
cette proposition ; il plaide pour son peuple en faisant appel à la
miséricorde divine : “Je t’en prie, supplie-t-il, que la puissance du
Seigneur se montre dans toute sa grandeur, ainsi que tu l’as déclaré
quand tu as dit : l’Éternel est lent à la colère et abondant en grâce. ...
Oui, pardonne, je te prie, l’iniquité de ce peuple selon la grandeur
de ta miséricorde, comme tu lui as déjà pardonné depuis l’Égypte
jusqu’ici.”
Dieu promet à Moïse d’épargner Israël d’une destruction im-
médiate, mais il ne pourra manifester sa puissance ni donner à son
peuple la victoire sur ses ennemis. En conséquence, dans sa miséri-
corde, il lui ordonne de faire volte-face et de reprendre la direction
de la mer Rouge.
Dans son égarement, le peuple s’était écrié : “Que ne sommes-
nous morts dans ce désert !” Cette prière allait être exaucée. Dieu
ajoute : “Aussi vrai que je suis vivant, je vous traiterai selon les
paroles mêmes que j’ai entendues de vous. Oui, vos cadavres tom-
beront dans ce désert. Vous tous, dont on a fait le recensement, tous,
tant que vous êtes, depuis l’âge de vingt ans et au-dessus. Mais j’y