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Patriarches et Prophètes
puisqu’ils avaient déclaré que le pays était fertile et prospère, et que
ses habitants étaient de haute stature, ce qui eût été impossible si
le climat y était meurtrier. Voilà jusqu’où vont les hommes qui se
livrent à l’incrédulité, c’est-à-dire à l’influence de Satan !
“Alors toute l’assemblée éleva la voix et se mit à pousser des cris ;
et le peuple pleura pendant cette nuit-là.” Bientôt, la scène dégénéra
en tumulte. Le peuple semblait avoir perdu la raison. Oubliant que
Dieu entendait leurs discours et que l’ange de sa présence, enveloppé
dans la colonne de nuée, était témoin de cette explosion de fureur,
les Hébreux allaient jusqu’à maudire Moïse et Aaron. “Que ne
sommes-nous morts dans le pays d’Égypte, ou que ne sommes-nous
morts dans ce désert !” criait-on. Puis l’on s’attaqua au Dieu du
ciel : “Pourquoi l’Éternel nous mène-t-il dans ce pays-là, où nous
tomberons sous les coups de l’épée ? Nos femmes et nos petits
enfants y seront la proie des ennemis. Ne vaudrait-il pas mieux, pour
nous, retourner en Égypte ? Et ils se dirent l’un à l’autre : Nommons
un chef, et retournons en Égypte.”
Ils accusaient donc non seulement Moïse, mais Dieu lui-même
de les avoir trompés en leur promettant un pays qu’ils ne pouvaient
conquérir. Et on allait nommer un chef qui les reconduirait au pays
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de la souffrance et de la servitude, au pays dont ils avaient été retirés
par le bras du Dieu omnipotent !
Dans leur humiliation et leur détresse, et ne sachant que faire pour
détourner le peuple d’un acte de folie, “Moïse et Aaron tombèrent
sur leur visage, devant toute l’assemblée réunie des enfants d’Israël”.
Caleb et Josué s’efforcèrent d’apaiser le tumulte. Les vêtements
déchirés en signe de douleur et d’indignation, ils se jetèrent au
milieu du peuple, et leurs voix retentissantes dominant la tempête de
gémissements et de récriminations, firent entendre ces paroles : “Le
pays que nous avons parcouru pour l’explorer est un fort bon pays. Si
l’Éternel nous est favorable, il nous fera entrer dans ce pays et nous
le donnera ; c’est un pays où coulent le lait et le miel. Seulement, ne
vous révoltez pas contre l’Éternel, et ne craignez point le peuple de
ce pays ; car ils seront notre pâture. L’ombre qui les protégeait s’est
retirée d’eux, car l’Éternel est avec nous. Ne les craignez point !”
Les Cananéens avaient comblé la mesure de leurs iniquités et
Dieu ne devait pas les supporter plus longtemps. Sa protection une
fois retirée, ils devenaient une proie facile. Par la promesse du Sei-