Page 345 - Patriarches et Proph

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Du Sinaï à Kadès
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l’accusait de maints déboires et même de peines imaginaires. Ces
murmures augmentaient le fardeau de soucis et de responsabilités
sous lequel chancelait le libérateur hébreu. Dans sa détresse il fut
tenté de manquer de confiance en Dieu. La prière qu’il lui adressa
était presque un reproche :
“Pourquoi as-tu affligé ton serviteur ? lui dit-il, et pourquoi n’ai-
je pas trouvé grâce devant tes yeux, pour que tu aies mis sur moi
la charge de tout ce peuple ? ... Où prendrai-je de la viande pour en
distribuer à ce peuple ? Car ils pleurent autour de moi, en disant :
Donne-nous de la viande à manger ? Je ne puis pas, à moi seul, porter
tout ce peuple, car il est trop pesant pour moi.”
L’exaucement ne tarda pas. L’Éternel lui dit : “Assemble-moi
soixante-dix hommes parmi les anciens d’Israël, de ceux que tu
connais pour être des anciens du peuple, et comme ayant sur lui de
l’autorité” — non seulement de l’âge, mais de l’expérience, de la
dignité et un jugement sain — “et amène-les à la tente d’assignation,
et qu’ils se tiennent là avec toi. Je descendrai, et je parlerai là avec
toi ; je prendrai de l’esprit qui est en toi, et je le mettrai sur eux, afin
qu’ils portent avec toi la charge du peuple, et que tu ne la portes pas
toi seul.”
Dieu permet à Moïse de choisir lui-même les hommes les plus
fidèles et les plus capables de partager ses responsabilités. Leur
influence va l’aider à mettre un frein à la violence du peuple et à
calmer l’insurrection. Mais de la création de cette charge nouvelle
vont résulter des maux sérieux pour l’avenir. Ces hommes n’auraient
jamais été appelés à remplir ces fonctions, si Moïse s’était souvenu
des preuves qu’il avait eues de la puissance et de la bonté de Dieu.
S’il s’était entièrement appuyé sur lui, il aurait obtenu une force
proportionnée à cette éventualité. Mais s’exagérant ses responsa-
bilités et son travail, il avait en quelque sorte perdu de vue le fait
qu’il n’était qu’un instrument entre les mains de Dieu. Il n’était donc
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pas excusable de participer ainsi à l’esprit de murmure qui faisait le
malheur d’Israël.
Dieu lui donna ensuite l’ordre de préparer le peuple à écouter
ce qu’il allait faire pour eux : “Tu diras au peuple : Sanctifiez-vous
pour demain, et vous aurez de la viande à manger. Puisque vous avez
pleuré aux oreilles de l’Éternel, en disant : Qui nous fera manger
de la viande ? Car nous étions bien en Égypte ! ... l’Éternel vous