298
Patriarches et Prophètes
Satan “a été meurtrier dès le commencement
. Aussi, dès qu’il
eut établi son ascendant sur la terre, il incita les hommes non seule-
ment à se haïr et à se tuer les uns les autres, mais, pour porter un défi
plus audacieux à l’autorité divine, à faire de la violation du sixième
commandement une partie de leur religion.
Grâce à une conception pervertie des attributs de la divinité,
les nations païennes en étaient venues, pour apaiser leurs dieux, à
croire à la nécessité des sacrifices humains. D’horribles cruautés
étaient alors commises sous diverses formes d’idolâtrie, notamment
la coutume de faire passer les enfants par le feu en présence des
idoles. Quand un enfant sortait sain et sauf de l’épreuve, on en
concluait qu’il était agréé des dieux. Dès lors, on le tenait en grande
estime, au point que ses crimes, si graves qu’ils fussent, n’étaient
jamais punis. Mais si, en passant par le feu, il recevait quelque
brûlure, son sort était scellé, et le courroux des dieux ne pouvait être
apaisé qu’en sacrifiant sur un autel la vie de cet infortuné. Aux pires
époques de leurs apostasies, les Israélites allèrent jusqu’à pratiquer
ces abominations.
Le septième commandement fut aussi très tôt violé au nom de la
religion. Des rites d’une immoralité éhontée étaient incorporés aux
cultes idolâtres. Les dieux mêmes se présentaient comme des êtres
[312]
impurs, et leur adoration encourageait à se livrer sans retenue aux
passions les plus viles. Les vices contre nature étaient à l’ordre du
jour, et les fêtes religieuses, caractérisées par un dérèglement public
et universel.
La polygamie entra de bonne heure dans les mœurs. Ce fut l’un
des péchés qui attirèrent la colère de Dieu sur le monde antédiluvien,
ce qui n’empêcha pas cette pratique de se généraliser de nouveau
après le déluge, car Satan apporta un soin tout particulier à pervertir
l’institution du mariage, à en affaiblir l’obligation et à en dénigrer la
sainteté. Il était convaincu qu’il n’y a pas de moyen plus sûr d’effacer
en l’homme l’image de Dieu qu’en le plongeant dans le malheur et
dans le vice.
Dès le début du grand conflit, le plan du premier menteur a été de
calomnier le caractère de Dieu et de fomenter la révolte contre sa loi.
Aussi ce dessein semble-t-il avoir été couronné de succès, puisque
* .
Jean 8 :44