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Patriarches et Prophètes
et pour dais les branches feuillues d’arbres majestueux. Aux parois
étaient suspendus comme ornements les magnifiques produits du
divin Artiste. Ce décor offert au premier couple dans son innocence
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renferme une leçon pour les hommes de tous les temps. Le vrai
bonheur n’est pas dans les satisfactions de la vanité et du luxe, mais
dans la communion avec Dieu, au sein de ses œuvres admirables. Si
les hommes recherchaient moins l’artificiel et cultivaient davantage
la simplicité, ils répondraient beaucoup mieux au plan divin à leur
égard. L’ambition et l’orgueil ne sont jamais satisfaits. Les vrais
sages trouvent des jouissances aussi réelles que pures dans les biens
que Dieu a mis à la portée de tous.
Les habitants de l’Éden reçurent la charge du jardin “pour le
cultiver et pour le garder”. Cette occupation saine et agréable n’avait
rien de pénible. Dieu a donné à l’homme le bienfait du travail pour
occuper son esprit, fortifier son corps et développer ses facultés.
L’activité mentale et physique à laquelle Adam se livrait était pour
lui une des plus douces joies de son existence, avant et même après
la perte du Paradis, obligé qu’il fut ensuite de demander son pain
quotidien à un sol devenu ingrat. Ce même travail, quoique bien
différent des agréables devoirs de l’Éden, fut pour lui une sauvegarde
contre la tentation et une source de bonheur.
Ceux qui considèrent comme un fléau le travail, accompagné
aujourd’hui de lassitude et de douleur, commettent une erreur. Ceux
qui n’ont que du mépris pour la classe ouvrière, comprennent bien
mal le but de Dieu en créant l’homme. Que sont les terres et les biens
des plus opulents, à côté du domaine dévolu à notre noble ancêtre ?
Et pourtant, Adam ne devait pas rester oisif. Le Créateur, qui sait de
quoi le bonheur est fait, lui assigna sa tâche. Il n’y a que les hommes
et les femmes qui travaillent qui sachent ce qu’est la vraie joie de
vivre. Les anges eux-mêmes, envoyés de Dieu pour exercer leur
ministère auprès des enfants des hommes, sont très occupés. Nulle
part le Créateur n’a pourvu à la pratique dégradante de l’indolence.
S’ils restaient fidèles à Dieu, Adam et sa compagne gouverne-
raient la terre, investis d’une autorité suprême sur tous les êtres
vivants. Le lion et l’agneau jouaient paisiblement autour d’eux, ou
se couchaient côte à côte à leurs pieds. Au-dessus de leur tête, les
oiseaux voltigeaient sans crainte. A leur ramage, vraie action de