Page 29 - Patriarches et Proph

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La création
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même d’apprécier la sagesse et la bienveillance de Dieu, ainsi que la
justice de ses exigences, l’homme restait parfaitement libre d’obéir
ou de désobéir. Il jouissait de la société de Dieu et des saints anges ;
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mais il ne pouvait être en état d’éternelle sécurité, tant que sa fidélité
n’avait pas été mise à l’épreuve. Ainsi, dès le début, une restriction
lui fut imposée, qui mit une bride à l’égoïsme, cette passion fatale
qui avait causé la perte de Satan.
L’arbre de la connaissance placé au milieu du jardin, près de
l’arbre de vie, devait servir à éprouver l’obéissance et la reconnais-
sance de nos premiers parents. Admis à manger librement du fruit
de tous les autres arbres, ils ne pouvaient, sous peine de mort, goûter
à celui-là. S’ils triomphaient de l’épreuve, ils seraient finalement
soustraits à la puissance de l’ennemi, et demeureraient à perpétuité
dans la faveur de Dieu.
Il n’existe pas de gouvernement sans lois. L’une des conditions
indispensables de l’existence de l’homme était, en sa qualité de sujet,
l’obéissance aux lois de Dieu. Adam aurait pu être créé incapable de
les transgresser. Le Créateur aurait pu empêcher sa main de toucher
au fruit défendu. Privé de la faculté de choisir, l’homme n’aurait pas
été un être libre, mais un simple automate. Son obéissance aurait
été forcée et non volontaire. Adam n’aurait pas pu se former un
caractère. D’ailleurs, ce système eût été contraire aux voies de Dieu
à l’égard des habitants des autres mondes, et ce mode d’existence,
indigne d’un être intelligent, eût fortifié l’accusation d’arbitraire
lancée par Satan contre le gouvernement divin.
Dieu avait fait l’homme droit, doué de nobles facultés, et sans
penchant au mal. Il l’avait gratifié d’une haute intelligence : tout
l’engageait à demeurer fidèle à son Créateur. Une obéissance parfaite
et perpétuelle, telle était la condition d’une éternelle félicité. A ce
prix, il pouvait avoir libre accès à l’arbre de vie.
La demeure de nos premiers parents devait servir de modèle à
celles de leurs descendants, au fur et à mesure que ceux-ci pren-
draient possession de la terre. Ce foyer, orné par la main de Dieu,
n’était pas un palais. Dans leur vanité, les hommes se plaisent à
habiter des demeures somptueuses. Ils mettent leur gloire dans les
ouvrages de leurs mains. Mais Dieu plaça Adam dans un jardin.
Ce jardin, qui devait lui servir d’habitation, avait pour dôme le ciel
bleu, pour plancher un tapis de verdure émaillé de fleurs délicates,