L’idolâtrie au Sinaï
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porter atteinte à l’autorité de sa loi, Dieu manifestait sa miséricorde
en donnant à chacun la liberté de choisir et l’occasion de se repentir.
Seuls furent exécutés ceux qui s’acharnèrent dans leur rébellion.
Il était nécessaire que ce péché fût puni pour témoigner aux
nations environnantes le déplaisir de Dieu à l’égard de l’idolâtrie.
En se faisant l’exécuteur de la justice divine contre les coupables,
Moïse laissait aux générations futures une protestation solennelle et
publique contre le crime d’idolâtrie. En outre, quand, plus tard, les
Israélites condamneront ce péché chez leurs voisins et que ceux-ci
les accuseront d’avoir adoré un veau en Horeb, ils pourront, tout en
reconnaissant ce fait humiliant, rappeler le sort terrible qui atteignit
alors les transgresseurs et démontrer ainsi que ce péché n’avait été
ni approuvé ni excusé.
D’ailleurs, le châtiment d’Horeb était dicté par l’amour aussi
bien que par la justice. Dieu est le gardien de son peuple autant qu’il
en est le souverain. S’il retranche les pécheurs endurcis, c’est de
crainte qu’ils n’en entraînent d’autres à la ruine. Si Dieu a épargné,
par exception, la vie de Caïn, c’est pour démontrer à l’univers ce qui
résulte de l’impunité du péché. C’est à l’influence de sa vie et de ses
enseignements sur ses descendants qu’il faut attribuer la corruption
qui appela la destruction du monde par le déluge. L’histoire des
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antédiluviens prouve qu’une longue vie n’est pas un bienfait pour
les pécheurs. La patience de Dieu n’ayant pas mis de frein à leur
méchanceté, plus ils vécurent, plus ils devinrent corrompus.
Il en fut ainsi de l’idolâtrie au Sinaï. Si un prompt châtiment
n’avait réprimé la révolte, on eût assisté aux mêmes résultats. La
terre serait devenue aussi dépravée qu’aux jours de Noé. Dans sa
miséricorde, Dieu fit périr des milliers d’hommes pour ne pas être
obligé, plus tard, d’en frapper des millions. Pour sauver la masse, il
fallait punir le petit nombre.
Du reste, en violant son serment d’obéissance envers Dieu, Israël
perdait tout droit à sa protection et s’exposait à devenir la proie
de ses ennemis. En arrêtant sommairement les pécheurs dans leur
mauvaise voie, le Seigneur manifestait sa miséricorde. L’esprit qui
les animait les aurait portés à se haïr et à se battre entre eux, et ils
auraient fini par s’entre-tuer.
Lorsque le peuple, revenu à lui-même, vit toute l’énormité de
son péché, la terreur se répandit dans le camp. On craignit que tous