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Patriarches et Prophètes
dessein de tromper notre prochain. Par un regard, un mouvement
de la main, une expression du visage, on peut mentir aussi effecti-
vement que par des paroles. Toute exagération intentionnelle, toute
insinuation ayant pour but de donner une idée erronée, voire le récit
de certains faits présentés de manière à induire en erreur, constitue
un mensonge. Ce précepte interdit tout ce qui tend à compromettre
la réputation du prochain par l’altération de la vérité, par des soup-
çons nuisibles, par la calomnie ou la médisance. La suppression
intentionnelle de la vérité, qui porterait préjudice à quelqu’un, est
elle-même une violation du neuvième commandement.
“Tu ne convoiteras point la maison de ton prochain ; tu ne convoi-
teras point la femme de ton prochain, ni son serviteur, ni sa servante,
ni son bœuf, ni son âne, ni aucune chose qui soit à ton prochain.”
En interdisant le désir égoïste qui engendre l’acte coupable, le
dixième commandement attaque la racine même de tous les péchés.
Celui qui, par obéissance à la loi de Dieu, s’interdit jusqu’au désir
illégitime de posséder ce qui appartient à autrui ne se rendra pas
coupable d’actes condamnables à l’égard de ses semblables.
Tels sont les préceptes sacrés du Décalogue proclamé par le
grand Législateur du haut du mont Sinaï enveloppé d’éclairs et
ébranlé par les éclats du tonnerre. Cette manifestation extraordinaire
de la puissance et de la majesté divines avait pour but d’inspirer une
vénération profonde pour l’auteur de cette loi, le Créateur des cieux
et de la terre, et de laisser derrière elle un souvenir ineffaçable. Dieu
voulait aussi, par là, convaincre tous les hommes de l’importance,
de la nature sacrée et de l’immuable obligation de sa loi.
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Effrayé, le peuple d’Israël s’était peu à peu éloigné de la mon-
tagne. La terreur des sentences divines semblait dépasser la mesure
de ses forces. Au fur et à mesure que passait devant lui le code de la
justice, il reconnaissait toujours mieux le caractère du péché et sa
culpabilité aux yeux d’un Dieu saint. La multitude adressa cette sup-
plication à Moïse : “Parle-nous toi-même, et nous écouterons ; mais
que Dieu ne parle point avec nous, de peur que nous ne mourions
”
Le prophète répondit : “Ne craignez point ; car Dieu est venu pour
vous mettre à l’épreuve et pour que vous ayez toujours sa crainte
présente devant vous, afin que vous ne péchiez pas.” Puis “Moïse
* .
Exode 20 :19-21