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Patriarches et Prophètes
commencèrent à s’alarmer. On ne désirait pas le bannissement des
Israélites, car beaucoup d’entre eux étaient d’habiles artisans que le
roi utilisait pour l’érection de temples magnifiques et de somptueux
palais. On se contenta de les opprimer.
Le nouveau Pharaon les assimila aux Égyptiens qui s’étaient
vendus à la couronne corps et biens. Bientôt, on établit sur eux
des chefs de corvée, et alors leur esclavage devint complet. “Ils
imposèrent aux Israélites la plus dure servitude ; ils leur rendirent la
vie amère, en les employant à de pénibles constructions, en argile
et en briques, ainsi qu’à toutes sortes de travaux des champs. Et
on leur imposait tyranniquement tout ce dur labeur.” “Mais plus on
l’accablait, plus le peuple s’accroissait et se multipliait.”
Échouant dans leur dessein de les affaiblir, de diminuer leur
nombre et de dompter leur esprit d’indépendance par ce servage
écrasant, le roi et ses conseillers recoururent à des mesures plus
iniques. Ordre fut donné aux sages-femmes des Hébreux de faire
périr à leur naissance tous les enfants mâles. L’instigateur de cet
ordre barbare n’était autre que Satan qui, connaissant la promesse
d’un Libérateur, pensait ainsi faire avorter le plan divin. Mais ces
sages-femmes, qui étaient pieuses, refusèrent d’exécuter ce cruel
arrêt, et Dieu les récompensa en les faisant prospérer. Irrité de voir
qu’on bravait son décret, le roi le rendit plus impérieux et plus
général. Toute la nation fut appelée à rechercher et à massacrer
ces innocentes victimes : “Le Pharaon donna cet ordre à tout son
peuple : Jetez dans le fleuve tous les fils qui naîtront, mais laissez
vivre toutes les filles !”
[221]
Tandis qu’on exécutait cet ordre, il naquit un fils à un couple
de pieux Israélites de la tribu de Lévi, Amram et Jokébed. L’enfant
“était beau”. Ses parents, considérant comme prochain le temps de
la délivrance, décidèrent que cet enfant ne serait pas sacrifié. Pleins
de confiance, “ils ne se laissèrent pas effrayer par l’édit du roi
.
La mère réussit à le cacher durant trois mois. Puis, voyant qu’elle
ne pouvait plus le garder auprès d’elle en toute sécurité, elle confec-
tionna un petit coffret de jonc, qu’elle rendit imperméable en l’endui-
sant de bitume et de poix. Elle déposa alors son nourrisson dans ce
coffret et alla le porter au bord du fleuve parmi les roseaux. N’osant
* .
Exode 6 :18, 20
;
Nombres 26 :59
;
Hébreux 11 :23