Page 203 - Patriarches et Proph

Basic HTML Version

Joseph et ses frères
199
Dix-sept années encore devaient cependant lui être accordées dans
la paisible contrée de Gossen, années qui fournirent un heureux
contraste avec celles qui les avaient précédées. Il reconnut chez ses
fils les marques d’une véritable conversion. Il put voir sa famille
entourée de toutes les conditions nécessaires au développement
d’une grande nation, et contempler, par la foi, l’accomplissement de
la promesse de leur établissement futur au pays de Canaan. Com-
blé des attentions, de l’affection et des faveurs du premier ministre
de l’Égypte, et heureux de vivre auprès de ce fils tant pleuré, le
patriarche s’achemina doucement et paisiblement vers sa fin.
Sentant sa mort approcher, il fit venir Joseph auprès de lui, et, fort
de la promesse de Dieu relative à la possession de Canaan, il lui dit :
“Je t’en prie, ne m’enterre point en Égypte ! Quand je serai couché
avec mes pères, tu m’emporteras hors d’Égypte, et tu m’enseveliras
dans leur tombeau.” Joseph promit de faire ce qu’il lui demandait ;
mais Jacob, non satisfait, exigea de son fils le serment solennel qu’il
l’inhumerait dans la caverne de Macpéla.
Une autre question importante préoccupait l’esprit du patriarche.
Il voulut que les deux fils de Joseph fussent intégrés en bonne et
due forme au nombre des fils d’Israël. Aussi, lors de sa dernière
visite à son père, Joseph amena avec lui ses deux fils, Éphraïm et
Manassé. Par leur mère, ces deux jeunes gens se rattachaient à la
plus haute classe de la sacrificature égyptienne. S’ils avaient voulu
choisir la nationalité maternelle, la position de leur père leur aurait
ouvert toute grande la voie de la richesse et des honneurs. Mais
[212]
Joseph, qui adhérait fermement aux promesses de l’alliance, désirait
que ses fils s’unissent à la famille de son père, et que, renonçant à
toutes les distinctions que leur offrait la cour d’Égypte, ils viennent
prendre leur place parmi les tribus de bergers auxquels les oracles
de Dieu avaient été confiés.
Jacob dit à Joseph : “Les deux fils qui te sont nés dans le pays
d’Égypte, avant que j’aille vers toi au pays d’Égypte, sont à moi. Oui,
Éphraïm et Manassé seront à moi, aussi bien que Ruben et Siméon.”
Il les adoptait comme fils pour en faire les chefs de deux tribus
distinctes. Ainsi, une portion des prérogatives du droit d’aînesse
perdu par Ruben revenait à Joseph qui recevait, par ce fait, une
double part en Israël.