Page 197 - Patriarches et Proph

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Joseph et ses frères
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gouverneur, ils se disent : “C’est à cause de l’argent qui fut remis
l’autre fois dans nos sacs. On veut nous assaillir, se précipiter sur
nous, faire de nous des esclaves.” Dans leur détresse, ils s’adressent
au maître d’hôtel et lui annoncent, comme preuve de leur honnêteté,
qu’ils ont rapporté cet argent, ainsi qu’une nouvelle somme pour
acheter des vivres. Ils ajoutent : “Nous ne savons pas qui avait remis
notre argent dans nos sacs. L’intendant leur répond : Tout va bien
pour vous ! Ne craignez point ! C’est votre Dieu, le Dieu de votre
père, qui vous a donné un trésor dans vos sacs ; votre argent m’a bien
été remis.” Ils se rassurent et, rejoints par Siméon, qui vient d’être
relâché, ils rendent grâce à Dieu pour sa miséricorde.
A l’arrivée du gouverneur, ils lui remettent leurs dons et “se
prosternent devant lui jusqu’à terre”. De nouveau, les songes de
Joseph lui reviennent à l’esprit. Il salue ses frères et s’empresse
de leur demander : “Votre vieux père, dont vous m’avez parlé, se
porte-t-il bien ? Vit-il encore ?” Ils répondirent : “Ton serviteur, notre
père, se porte bien ; il vit encore. Et ils s’inclinent et se prosternent”
une seconde fois. Joseph, levant les yeux, voit Benjamin, et il dit :
“Est-ce là votre jeune frère, dont vous m’avez parlé ?” Puis : “Dieu
te fasse miséricorde, mon fils.” Vaincu par l’émotion, ne pouvant
rien ajouter, “il entra dans la chambre intérieure, et il y pleura”.
Redevenu maître de lui, il les rejoint et chacun se met à table.
Selon la loi des castes, il était défendu aux Égyptiens de manger
avec des gens d’autres nations. En conséquence, les fils de Jacob se
tenaient à une table à part, de même que les Égyptiens, tandis que
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le gouverneur, en raison de son rang, mangeait seul. Quand tout le
monde fut assis, les frères de Joseph constatèrent avec surprise qu’ils
avaient été placés par rang d’âge. “Joseph leur fit porter des mets
de sa propre table ; mais la portion de Benjamin était cinq fois plus
grosse que celle des autres.” Par cette préférence, Joseph espérait
découvrir si Benjamin était, comme il l’avait été lui-même, en butte
à l’envie de la part de ses frères aînés. Ceux-ci, ignorant toujours
que Joseph les comprenait, conversaient librement entre eux, ce qui
permettait à celui-ci de découvrir leurs vrais sentiments. Décidé,
cependant, à les soumettre à une épreuve décisive, il ordonna, avant
leur départ, que sa coupe d’argent fût cachée dans le sac du plus
jeune.