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Patriarches et Prophètes
la fourberie criminelle de ses deux fils, il se contenta de leur dire :
“Vous avez troublé ma vie, en me rendant odieux aux habitants de
ce pays. ... Quant à moi, je n’ai qu’un petit nombre d’hommes ;
ces gens-là se réuniront contre moi, ils me frapperont, et je serai
exterminé, moi et ma maison.” La douleur et l’effroi que le patriarche
avait ressentis à cette occasion se révéla, cinquante ans plus tard,
dans les paroles qu’il prononça sur son lit de mort :
Siméon et Lévi sont frères.
Leurs glaives sont des instruments de violence.
Que mon âme ne s’associe pas à leur dessein !
Que mon esprit ne s’unisse point à leur assemblée !...
Maudite soit leur colère ; car elle a été barbare !
Maudite leur fureur ; car elle a été cruelle
!
Jacob sentait qu’il y avait là pour lui et les siens un sujet de
profonde humiliation. La cruauté et la duplicité se manifestaient
dans le caractère de ses fils. Des fétiches étaient cachés dans le
camp, l’idolâtrie pénétrait jusque dans sa famille. Si Dieu nous traite
selon nos mérites, pensait-il, ne nous livrera-t-il pas à la merci des
nations environnantes ?
Tandis que le patriarche était ainsi accablé de tristesse, Dieu lui
ordonna de se diriger vers le sud et de fixer sa demeure à Béthel. Ce
lieu rappelait à Jacob la vision des anges, la promesse de Dieu et son
vœu de servir le Seigneur. Mais avant de s’y rendre, il voulut purifier
sa famille de la souillure de l’idolâtrie. En conséquence, il donna
cet ordre à tout son camp : “Faites disparaître les dieux étrangers
qui sont au milieu de vous ; purifiez-vous, et changez de vêtements.
Levons-nous, montons à Béthel, et j’y élèverai un autel au Dieu qui
m’a répondu au jour de ma détresse, et qui a été avec moi pendant
mon voyage
[183]
Alors, avec une profonde émotion, Jacob raconta à sa famille
comment, dans une vision, Dieu lui était apparu lors de son passage
à Béthel quand, craignant la mort, fugitif et solitaire, il avait quitté
précipitamment les tentes de son père. Tandis que, l’âme attendrie, il
repassait ainsi devant eux les preuves admirables de la bonté divine
à son égard, la puissance d’en haut toucha également le cœur de ses
* .
Genèse 49 :5-7
* .
Voir
Genèse 35