L’exil de Jacob
            
            
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              vous faire du mal, dit-il ; mais le Dieu de votre père m’a parlé la nuit
            
            
              passée en me disant : Garde-toi de rien dire à Jacob soit en bien, soit
            
            
              en mal”, c’est-à-dire : tu ne le contraindras pas à retourner chez toi
            
            
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              par la force, ni ne l’engageras à le faire par des promesses flatteuses.
            
            
              Puis le même Laban, qui s’était approprié la dot de ses filles,
            
            
              qui s’était montré si cupide et si dur envers son gendre, lui reproche
            
            
              hypocritement de s’être enfui sans lui avoir permis de lui offrir un
            
            
              repas d’adieux, ni même de prendre congé de ses filles et de leurs
            
            
              enfants. Dans sa réponse, Jacob retrace fidèlement le régime égoïste
            
            
              et sordide que Laban lui a fait subir, et il le prend à témoin de la
            
            
              fidélité et de la droiture qu’il a mises à le servir. Il termine en disant :
            
            
              “Si le Dieu de mon père, le Dieu d’Abraham, celui que craint Isaac,
            
            
              n’avait été pour moi, tu m’aurais maintenant laissé partir les mains
            
            
              vides. Dieu a vu mon affliction et le travail de mes mains, et la nuit
            
            
              passée, il a jugé entre nous.”
            
            
              Ne pouvant contester aucune de ces allégations, Laban propose
            
            
              de conclure un traité de paix, à quoi Jacob consent, et l’on amasse
            
            
              un monceau de pierres pour conserver le souvenir de cette alliance.
            
            
              Laban appela cette colonne Mitspa, poste d’observation, en disant :
            
            
              “Que l’Éternel nous surveille, moi et toi, quand nous serons séparés
            
            
              l’un de l’autre.” Laban dit aussi à Jacob : “Tu vois ce monceau : voici
            
            
              le monument que j’ai dressé entre moi et toi. Ce monceau est témoin,
            
            
              ce monument est témoin que je ne dépasserai pas ce monceau pour
            
            
              aller vers toi, et que tu ne dépasseras ni ce monceau, ni ce monument,
            
            
              dans des intentions hostiles.” Pour ratifier l’alliance, on fit un festin.
            
            
              La nuit se passa en conversations amicales. Puis, à l’aube du jour,
            
            
              Laban et ses hommes s’éloignèrent dans la direction de l’orient.
            
            
              Cette séparation est la dernière trace que nous ayons des relations
            
            
              entre les enfants d’Abraham et les habitants de la Mésopotamie.
            
            
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