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Patriarches et Prophètes
solennel que Dieu était avec lui. “Certainement ! s’écria-t-il, l’Éternel
est dans ce lieu, et moi, je ne le savais pas ! ... C’est bien ici la maison
de Dieu ; c’est ici la porte des cieux
!”
“Jacob se leva de bon matin ; il prit la pierre dont il avait fait
son chevet, il l’érigea en monument et il versa de l’huile sur son
sommet.” Selon la coutume d’alors, pour commémorer l’événement,
Jacob laissa ce souvenir de la grâce divine, afin que, chaque fois
qu’il aurait l’occasion de revoir ce lieu, il pût s’y arrêter pour adorer
l’Éternel. Il appela cet endroit Béthel, “Maison de Dieu”. Le cœur
plein de gratitude, il répéta la promesse qui l’assurait de la protection
divine et prononça ce vœu : “Si Dieu est avec moi, s’il me garde
dans le voyage que j’ai entrepris, s’il me donne du pain à manger
et des habits pour me vêtir, et si je retourne en paix à la maison de
mon père, alors l’Éternel sera mon Dieu. Cette pierre que j’ai érigée
en monument sera la maison de Dieu. ... Je te paierai la dîme de tout
ce que tu me donneras.”
Le fils d’Isaac ne posait pas ici de conditions à Dieu. La pros-
périté lui avait été promise. Ce vœu n’était que l’expression de la
reconnaissance de son âme devant l’assurance de la miséricorde et
de la bonté divines. Il comprenait que Dieu avait sur lui des droits
qu’il devait respecter, et que les signes singuliers de la faveur dont il
venait d’être l’objet exigeaient de sa part une marque d’appréciation.
Il faudrait que ce même sentiment anime le fidèle devant chacun
des bienfaits qui lui viennent de l’Auteur de toute grâce. Le chré-
tien devrait souvent se souvenir de sa vie passée et se rappeler les
délivrances merveilleuses qui lui ont été accordées, le soutien qui
lui a été offert dans l’épreuve, les issues soudaines ouvertes devant
lui quand tout semblait obscur et fermé, et le réconfort qui lui est
parvenu au moment de défaillir. Dans toutes ces circonstances, nous
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devons reconnaître des preuves de la présence et de la protection des
anges de Dieu. Le souvenir de ces bienfaits innombrables devrait
nous inciter à répéter, émus, avec le Psalmiste : “Que rendrai-je à
l’Éternel ? Tous ses bienfaits sont sur moi
!”
Notre temps, nos talents, nos biens doivent être consacrés à
celui qui nous les a confiés. Chaque fois que nous sommes l’objet
* .
Voir
Genèse 28 :16-22
* .
Psaumes 116 :12