Page 137 - Patriarches et Proph

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La destruction de Sodome
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Terrifié, hagard, Lot objecte maintenant qu’il ne peut faire ce
qu’on lui demande ; il a peur de perdre la vie en chemin. Le contact
de l’iniquité et de l’impiété de Sodome a terni sa foi. Le Prince du
ciel est à son côté, et il doute de sa protection et de sa sollicitude !
Au lieu de s’en remettre entièrement au divin Messager et de lui
confier, sans restriction ni crainte, sa volonté et sa vie, il a recours,
comme c’est souvent le cas, à ses propres expédients : “Voici une
ville qui est assez proche pour m’y abriter”, supplie-t-il ; “elle est
petite, permets-moi de m’y réfugier — puisqu’elle est peu importante
— et j’aurai ainsi la vie sauve.” La ville en question était Béla,
plus tard appelée Tsoar, distante de Sodome de quelques kilomètres
seulement ; elle était, comme celle-ci, vouée à la destruction. Mais
Lot ayant plaidé qu’elle était petite, sa requête lui est accordée. “Oui,
lui est-il répondu, je t’accorde encore cette grâce de ne pas détruire
la ville dont tu parles.” Preuve étonnante de la mansuétude de Dieu
à l’égard de ses faibles créatures !
Comme l’orage de feu ne peut plus tarder, l’ordre de se hâter
retentit à nouveau. A ce moment-là, la femme de Lot s’aventure à
jeter un regard en arrière sur la cité en perdition : à l’instant même,
elle devient un monument de la justice de Dieu. Si Lot n’avait
manifesté aucune hésitation ; s’il avait obéi à l’avertissement sans
plainte ni murmure et s’était courageusement dirigé vers la montagne
désignée, son exemple eût sauvé sa femme du péché qui la perdit ;
elle aurait eu la vie sauve. Mais les tergiversations de son mari
avaient atténué dans son esprit l’importance de l’appel divin et son
cœur, resté à Sodome, se rebella contre les jugements de Dieu qui la
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privaient de son bien-être et de ses enfants. Oubliant la miséricorde
divine qui épargnait sa vie, elle murmurait contre la sentence qui
livrait à la destruction une richesse patiemment accumulée. Au lieu
d’accepter sa délivrance avec gratitude, elle osait réclamer la vie de
ceux qui avaient rejeté l’appel de Dieu. Son ingratitude pour la vie
qui lui était conservée prouvait qu’elle en était indigne.
Prenons garde de traiter à la légère les moyens de salut que Dieu
met à notre disposition ! Il est des chrétiens qui disent : “Je ne tiens
pas à être sauvé, si mon épouse (ou mon époux) et mes enfants ne le
sont pas.” Ces personnes — qui pensent que le ciel ne sera pas pour
elles un lieu de bonheur parfait sans la présence d’êtres qui leur sont
si chers — comprennent-elles bien ce qu’elles doivent à Dieu pour sa