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Patriarches et Prophètes
Dans les temps primitifs, le père de famille était à la fois le
gouverneur et le prêtre. Son autorité sur ses enfants ne s’arrêtait pas
lorsque ceux-ci fondaient leurs propres foyers. Ses descendants le
considéraient comme leur chef tant dans les choses religieuses que
dans les affaires matérielles. Ce système de gouvernement patriarcal,
qu’Abraham s’efforça de perpétuer, avait pour effet de conserver la
connaissance de Dieu. Il était indispensable pour relier entre eux les
membres de la famille et pour dresser une barrière contre l’idolâtrie
générale.
Le patriarche se rendait compte que la familiarité avec le mal
engendre insensiblement le relâchement, puis l’abandon des bons
principes. Aussi s’efforçait-il de préserver son camp de la tendance à
se mélanger avec les païens et à fréquenter leurs cérémonies idolâtres.
Avec le plus grand soin, il veillait à exclure tout vestige de fausse
religion et à faire connaître aux siens la majesté et la gloire du Dieu
vivant, seul digne d’adoration.
Cette sage précaution, qui consistait à supprimer autant que pos-
sible tout contact entre les païens et son peuple, venait de Dieu
lui-même, qui voulait former une nation ayant “sa demeure à part,
et qui ne se confondît pas avec les autres
. S’il avait séparé Abra-
ham de sa parenté idolâtre, c’était pour lui permettre d’élever sa
famille loin des influences séductrices qui l’entouraient en Mésopo-
tamie. Ainsi, la vraie foi pouvait se conserver dans toute sa pureté
de génération en génération parmi ses descendants.
De son côté, Abraham était poussé par son affection pour ses
enfants et pour toute sa maison, comme par sa sollicitude pour leur
bonheur éternel, à exalter à leurs yeux les divins statuts comme le
plus précieux héritage qu’il pût leur laisser et, par eux, communiquer
au monde entier. Dans son camp, chacun devait savoir qu’il relevait
de la souveraineté de Dieu. Sous ce signe, on ne devait connaître ni
oppression chez les parents, ni désobéissance chez les enfants. La
loi de Dieu assignant à chacun son devoir, la soumission à cette loi
pouvait seule procurer le bonheur et la prospérité.
Aussi, l’exemple du patriarche, l’influence silencieuse de sa
vie quotidienne constituaient-ils un enseignement permanent. L’in-
flexible droiture de sa conduite, son affabilité désintéressée et la rare
* .
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