Un songe de William Miller
            
            
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              J’ai rêvé que Dieu, par une main invisible, m’avait envoyé un bel
            
            
              écrin ciselé, d’ébène et de perles curieusement incrustées, d’environ
            
            
              vingt-cinq centimètres sur quinze. Une clé était attachée à l’écrin,
            
            
              et je l’ouvris immédiatement. A ma grande surprise, il était rempli
            
            
              de toutes sortes de joyaux de dimensions variées : des diamants, des
            
            
              pierres précieuses et des pièces d’or et d’argent de différente valeur.
            
            
              Le tout était si bien arrangé qu’il s’en dégageait une lumière que
            
            
              seul le soleil pouvait égaler.
            
            
              Emerveillé par la beauté et la valeur du contenu de cet écrin, je
            
            
              pensai qu’il était de mon devoir de ne pas en jouir seul. Je le plaçai
            
            
              donc sur une table, au milieu de ma chambre, et demandai à tous
            
            
              ceux qui le désiraient de venir admirer ce que jamais œil humain
            
            
              n’avait contemplé.
            
            
              Les gens commencèrent à arriver, peu nombreux d’abord, puis
            
            
              augmentant petit à petit jusqu’à ce qu’il y ait foule. En apercevant
            
            
              les joyaux, ils poussèrent des cris d’admiration. Puis chacun voulut
            
            
              les toucher : ils les sortirent de l’écrin, et il y en eut bientôt un peu
            
            
              partout sur la table.
            
            
              Je me dis alors que le propriétaire de cet écrin me les réclamerait,
            
            
              et si je permettais qu’on disperse ainsi toutes ces choses de prix,
            
            
              je n’arriverais jamais à les remettre en place, ni à remplacer celles
            
            
              qui pourraient manquer. Je priai donc les visiteurs de ne plus les
            
            
              toucher et de les laisser dans l’écrin. Mais plus j’insistais, plus on
            
            
              les dispersait. Il y en avait maintenant partout : sur la table, sur le
            
            
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              plancher et sur tous les meubles de la chambre.
            
            
              Je m’aperçus même que parmi les bonnes pièces de monnaie et
            
            
              les vrais joyaux, il y en avait un grand nombre de faux. Je fus indigné
            
            
              de l’ingratitude et de la malhonnêteté de ces gens, et je leur adressai
            
            
              de violents reproches. Mais plus je m’énervais, plus ils éparpillaient
            
            
              de faux joyaux et de fausses pièces parmi les véritables.
            
            
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