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Le Foyer Chrétien
indispensable dans l’aménagement de la maison ; on est ainsi poussé
à faire des acquisitions très coûteuses qui, bien qu’agréables à la
vue et propres à flatter la vanité et l’ambition, n’améliorent pas, en
définitive, le confort familial. Tout cela a exigé de longs efforts et
beaucoup de patience, et demandé un temps considérable qui aurait
pu être consacré au service du Seigneur.
La précieuse grâce de Dieu passe au second plan, après des
choses sans réelle importance. Bien des personnes, alors qu’elles
accumulent ainsi des objets pour en retirer un certain plaisir, en
arrivent à perdre leur faculté d’être heureux. Elles découvrent que
tout ce qu’elles ont amassé ne leur apporte pas les satisfactions
qu’elles en attendaient. Le labeur incessant — et l’anxiété conti-
nuelle qui l’accompagne — pour embellir le foyer en vue de susciter
l’admiration des visiteurs et des étrangers, ne permet pas d’obtenir
la compensation correspondant à la somme de temps et d’argent
ainsi prodiguée. C’est là s’imposer le joug d’une servitude pénible à
supporter.
Deux visites qui laissèrent une impression très différente
Dans certaines familles, on a tendance à en faire trop. Certes, l’ordre
et la propreté sont essentiels au confort, mais ces qualités ne de-
vraient pas être portées à l’extrême pour faire de l’existence un
esclavage et rendre malheureux les membres du foyer. Dans des
maisons habitées par des personnes tout à fait dignes d’estime, on
constate parfois, dans l’aménagement du mobilier et des objets,
une minutie d’une rigidité telle que c’est aussi désagréable qu’un
manque total d’ordre. Les convenances pénibles qui président à toute
la maison s’opposent au vrai repos que chacun s’attend à trouver
dans un foyer normal.
Lorsqu’on fait une courte visite à des amis très chers, il n’est pas
agréable de s’apercevoir que le balai et le torchon sont sans cesse
mis à contribution et que les moments de conversation amicale dont
on se réjouissait d’avance sont employés par vos hôtes à ranger sans
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arrêt et à scruter les moindres recoins pour y découvrir quelque grain
de poussière ou quelque toile d’araignée. Bien qu’ils le fassent avec
discrétion, par égard pour vous, vous ressentez la pénible impression
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The Signs of the Times, 2 octobre 1884
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