Jean, le disciple bien-aimé
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sur un trône, et dont les pouvoirs royaux correspondraient aux désirs
du cœur humain. La mère des disciples, qui convoitait pour ses fils
les places d’honneur dans ce royaume, dit à Jésus : “Ordonne que
mes fils [...] soient assis, dans ton royaume, l’un à ta droite et l’autre
à ta gauche.” Mais le Sauveur répondit : “Vous ne savez ce que vous
demandez. Pouvez-vous boire la coupe que je dois boire ou être
baptisés du baptême dont je dois être baptisé ?” Ils se souvinrent des
paroles mystérieuses qu’il avait prononcées au sujet de sa crucifixion
et de ses souffrances. Et cependant, ils répondirent avec assurance :
“Nous le pouvons.” Il n’y avait pas de plus grand honneur pour eux
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que de témoigner leur fidélité au Maître en lui offrant de participer à
toutes les douleurs qui devaient lui échoir.
“Il est vrai que vous boirez la coupe que je dois boire, et que
vous serez baptisés du baptême dont je dois être baptisé, déclara
le Christ.” Or, devant lui se dressait la croix du Calvaire et non un
trône, et il allait être placé entre deux malfaiteurs, l’un à sa droite,
l’autre à sa gauche. Jacques et Jean allaient partager ses souffrances ;
l’un, en effet, devait bientôt périr par l’épée, l’autre serait celui des
disciples qui suivrait le plus longtemps son Maître dans son labeur
pénible, dans la malédiction, dans la persécution. “Mais pour ce qui
est d’être assis à ma droite et à ma gauche, ajouta le Sauveur, cela
ne dépend pas de moi, et ne sera donné qu’à ceux à qui mon Père
l’a réservé
”
Jésus devina le mobile qui avait motivé la requête des disciples,
c’est pourquoi il réprimanda leur orgueil et leur ambition : “Vous
savez que les chefs des nations les tyrannisent, leur dit-il, et que
les grands les asservissent. Il n’en sera pas de même au milieu de
vous. Mais quiconque veut être grand parmi vous, qu’il soit votre
serviteur ; et quiconque veut être le premier parmi vous, qu’il soit
votre esclave. C’est ainsi que le Fils de l’homme est venu, non pour
être servi, mais pour servir et donner sa vie comme la rançon de
plusieurs
”
Dans le royaume de Dieu, le favoritisme n’entre pas en jeu
pour la place qu’on y occupe. Celle-ci n’est ni acquise, ni accordée
arbitrairement. Elle s’obtient grâce au caractère. La couronne et
3.
Matthieu 20 :21-23
4.
Matthieu 20 :25-28