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Conquérants Pacifiques
le cœur des Samaritains qui, au lieu d’insister pour que le Maître
s’arrêtât chez eux, s’abstinrent même de lui adresser les salutations
d’usage qu’ils auraient présentées à un voyageur ordinaire.
Jésus n’imposait sa présence à personne. Les habitants de Sa-
marie perdirent donc les bénédictions qu’ils auraient reçues, s’ils
avaient sollicité le Seigneur de bien vouloir être leur hôte.
Les disciples savaient que la présence du Christ serait un bienfait
pour les Samaritains. C’est pourquoi la froideur, la jalousie, l’ir-
respect qu’ils lui témoignèrent les remplirent de stupéfaction et de
révolte. Jacques et Jean en furent particulièrement scandalisés. Que
celui qu’ils révéraient si profondément fût ainsi traité leur paraissait
une trop grave injure pour ne pas être suivie immédiatement d’une
punition exemplaire. Dans leur indignation, ils s’écrièrent : “Sei-
gneur, veux-tu que nous commandions que le feu descende du ciel
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et les consume ?” Ils faisaient allusion aux capitaines de Samarie
et à leurs compagnies qui avaient été anéantis par le feu lorsqu’ils
avaient essayé de s’emparer du prophète Elie.
Ils furent surpris de voir que Jésus était peiné par leurs paroles,
et plus surpris encore d’entendre ces reproches : “Vous ne savez pas
de quel esprit vous êtes animés. Car le Fils de l’homme est venu,
non pour perdre les âmes des hommes, mais pour les sauver
”
Forcer quelqu’un à le recevoir ne fait pas partie de la mission
du Christ. C’est Satan et les hommes animés par son esprit qui
cherchent à dominer les consciences. Sous prétexte d’agir au nom
de la justice, les méchants, coalisés avec les anges du mal, plongent
bien souvent dans la souffrance ceux qu’ils veulent convertir à leurs
idées. Mais le Christ ne cesse de faire preuve de miséricorde ; il
est toujours prêt, lui, à gagner les âmes par l’amour. Il n’admet pas
de rival dans le cœur de son disciple ; il n’accepte pas un service
partagé. Ce qu’il désire c’est un service volontaire, un abandon total
du cœur sous la contrainte de l’amour.
Un jour, Jacques et Jean firent demander à Jésus, par leur mère,
qu’il veuille bien leur réserver dans le royaume de Dieu la place
d’honneur la plus élevée. Bien que le Christ ait enseigné à plusieurs
reprises quelle était la nature de ce royaume, ces jeunes gens nourris-
saient encore l’espoir d’être gouvernés par un Messie qui régnerait
2.
Luc 9 :54-56