Paul devant Néron
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ces Grecs, ces Romains mêlés aux étrangers de toutes nationalités,
et son cœur frémissait du désir intense de les sauver.
Il oublie alors la situation où il se trouve, les périls qui le me-
nacent, l’effroyable sort qui va être le sien. Il ne voit que Jésus seul,
le grand intercesseur qui plaide devant Dieu la cause du pécheur,
et il présente la vérité avec une éloquence et une force plus qu’hu-
maines. Il parle à ses auditeurs du grand sacrifice qui a été consenti
en faveur de la race déchue, du prix infini que représente le rachat de
l’homme et des dispositions qui ont été prises pour lui permettre de
partager le trône de Dieu. Par l’intermédiaire des messagers célestes,
la terre est reliée au ciel, et toutes les actions des hommes, bonnes
ou mauvaises, sont dévoilées aux yeux de la justice infinie.
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C’est ainsi que l’avocat de la vérité présente son plaidoyer. Fidèle
parmi les infidèles, loyal parmi les déloyaux, il se dresse comme le
représentant de Dieu. Et sa voix semble venir du ciel. Nulle crainte,
nulle tristesse, nul abattement ne paraît dans ses paroles ou sur
son visage. Fortifié par la conviction de son innocence, revêtu de
l’armure de la vérité, il se réjouit d’être enfant de Dieu. Ses paroles
sont un chant de victoire dominant le tumulte de la bataille. La cause
à laquelle il a consacré sa vie, dit-il, est la seule qui ne puisse jamais
faillir. S’il doit périr, lui, l’Evangile ne périra pas. Dieu vit, et sa
vérité triomphera.
Ce jour-là, le visage de l’apôtre parut, à tous ceux qui le regar-
daient, “comme celui d’un ange
.
C’était la première fois que l’auditoire entendait des paroles
semblables. Elles faisaient vibrer une corde sensible jusque dans les
cœurs les plus endurcis, et l’on put voir l’erreur s’évanouir devant la
clarté convaincante de la vérité. La lumière brilla dans de nombreux
esprits qui, plus tard, la suivirent avec joie. Les vérités prononcées
ce jour-là devaient ébranler les nations, traverser tous les siècles et
influencer les cœurs des hommes quand les lèvres qui les avaient
prononcées seraient scellées dans le tombeau d’un martyr.
Jamais Néron n’avait entendu la vérité comme il l’entendit alors.
Jamais l’énorme culpabilité de sa vie ne lui avait été ainsi révélée.
La lumière du ciel pénétra dans les recoins souillés de son âme et
le fit trembler de terreur à la pensée d’un tribunal devant lequel, lui,
2.
Actes 6 :15