Page 309 - Conqu

Basic HTML Version

Le procès de Césarée
305
Paul s’efforça de fixer l’attention de ses auditeurs sur celui qui
a fait le sacrifice de sa vie pour le pécheur. Il rappela les rites qui
étaient l’ombre des choses à venir, et il présenta le Christ comme
l’antitype de toutes les cérémonies, seule source d’espoir et de vie
pour l’homme perdu. Les saints hommes d’autrefois étaient sauvés
en espérance par le sang du Christ ; lorsqu’ils assistaient à l’ago-
[376]
nie des victimes expiatoires, ils voyaient par anticipation celle de
l’agneau de Dieu qui devait ainsi ôter le péché du monde.
Dieu réclame à juste titre l’amour et l’obéissance de toutes ses
créatures. Il leur a donné dans sa loi un principe parfait de droiture.
Mais nombreux sont ceux qui oublient le Créateur et suivent leur
propre voie, diamétralement opposée à la sienne. Ils préfèrent la
haine à l’amour, cet amour plus vaste que l’univers, plus profond que
le ciel. Dieu ne saurait abaisser sa loi au niveau de l’homme mauvais,
et celui-ci ne peut pas non plus, par ses propres forces, satisfaire
à ses exigences. Ce n’est que par la foi en Christ que le pécheur
peut être purifié de son péché et obéir aux commandements de son
Créateur. Aussi Paul, le prisonnier, insistait-il sur les revendications
du Décalogue à l’égard des Juifs et des Gentils, et présentait-il Jésus,
le Nazaréen méprisé, comme Fils de Dieu et Rédempteur du monde.
Drusille, la princesse juive, comprenait bien le caractère sacré
de cette loi, qu’elle avait si impudemment transgressée ; mais ses
préjugés contre l’homme du Calvaire endurcissaient son cœur à
l’égard de la Parole de vie.
Cependant Félix, lui, n’avait jamais auparavant entendu prêcher
la vérité, et tandis que l’Esprit de Dieu le persuadait, il était plongé
dans une extrême agitation. Sa conscience, mise en éveil, faisait
entendre sa voix, et il sentait que toutes les paroles de Paul étaient
vraies. Il se souvint de son passé coupable ; la débauche et les crimes
de sa jeunesse se dressèrent devant lui avec une extrême netteté, ainsi
que la sombre série de ses forfaits récents. Il se vit tel qu’il était,
perverti, cruel, rapace. Jamais auparavant, la vérité n’avait pénétré
aussi profondément dans son cœur. Jamais non plus son âme n’avait
été remplie d’une telle épouvante. La pensée que tous les secrets de
sa vie criminelle étaient à nu devant Dieu, et qu’il pouvait être jugé
selon ses actes, le fit trembler d’effroi.
Mais au lieu de s’abandonner à la repentance, il chercha à écarter
de son esprit des réflexions désagréables. Il coupa court à l’entretien,
[377]