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Conquérants Pacifiques
des mains et des pieds des prisonniers, et une lumière éblouissante
emplit leur cellule.
Lorsque les apôtres avaient été jetés en prison, le geôlier avait
vu leurs plaies ensanglantées et tuméfiées, et c’était lui-même qui
avait fait lier leurs pieds dans les entraves. Il s’attendait à entendre
gémir et vociférer ses victimes ; or ce furent des prières et des chants
de louange qu’il entendit du sein de leur cellule. Les oreilles pleines
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de ces airs divins, il était tombé dans un profond sommeil, dont il
fut réveillé par le tremblement de terre qui ébranlait les fondements
de la prison.
Il se dressa effrayé, et constata avec épouvante que toutes les
portes étaient ouvertes. Alors, rapide comme l’éclair, la pensée que
les prisonniers avaient dû s’échapper s’empara de lui. Il se souvint
des recommandations explicites qui lui avaient été faites lorsque,
la nuit précédente, on lui confia la garde de Paul et de Silas, et il
savait qu’il encourait la peine de mort pour son apparente négligence.
Epouvanté, il jugea qu’il valait mieux se donner la mort plutôt que
de subir une exécution dégradante. Il tira alors son épée, et il allait
se tuer, lorsqu’il entendit Paul s’écrier d’une voix forte : “Ne te fais
point de mal, nous sommes tous ici.” Tous les prisonniers étaient en
effet dans leur cellule, retenus par la puissance que Dieu manifestait
par leurs co-détenus.
La sévérité avec laquelle le geôlier avait traité les disciples
n’avait fait naître en eux aucun ressentiment, car Paul et Silas étaient
mûs par l’Esprit de Dieu et non par l’esprit de vengeance. Leurs
cœurs débordant de l’amour du Sauveur ne nourrissaient pas de sen-
timents de haine envers leurs persécuteurs. Le geôlier lâcha son épée
et demanda de la lumière. Il voulut voir quels étaient ces hommes
qui montraient de la bienveillance en échange de la cruauté dont ils
avaient été victimes. Il s’approcha d’eux et, se jetant à leurs pieds, il
leur dit : “Seigneurs, que faut-il que je fasse pour être sauvé ?”
Le geôlier avait tremblé d’effroi, lorsque la colère de Dieu s’était
manifestée par un tremblement de terre. Quand il crut que les prison-
niers s’étaient échappés, il voulut se donner la mort ; mais tout cela
lui semblait de peu d’importance maintenant qu’une autre crainte
agitait étrangement sa pensée, et qu’il se sentait pris du désir ardent
de posséder la paix et la joie que les disciples avaient témoignées
dans la souffrance et sous les injures. Il discerna sur leurs phy-
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