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L’Evangile en Europe
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dignes de subir des outrages pour sa cause. Leurs cœurs puisaient
de la force dans l’amour sincère et ardent qu’ils éprouvaient pour
leur Rédempteur. Paul pensait aux persécutions qu’avaient subies
les disciples du Christ, et dont il avait été l’auteur. Maintenant il se
réjouissait de ce que ses yeux s’étaient ouverts à la lumière divine,
et de ce que son cœur avait été touché par les glorieuses vérités qu’il
méprisait jadis.
Les autres détenus furent surpris d’entendre s’élever des prières
et des chants de louange de l’intérieur de la prison. Ils étaient plutôt
habitués aux cris de détresse, aux gémissements, aux blasphèmes
et aux malédictions qui venaient rompre le silence de leurs nuits ;
mais jamais ils n’avaient ouï auparavant des prières et des cantiques
monter des cellules obscures. Ils furent donc — ainsi que les gardiens
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— dans l’émerveillement, et se demandaient quels pouvaient être ces
hommes qui, dans le froid, la torture et la faim, trouvaient cependant
le moyen de se réjouir.
En attendant, les magistrats rentraient chez eux et se félicitaient
d’avoir pu maîtriser, par des mesures rapides et décisives, la rébellion
de la foule. Mais en chemin, ils recueillirent de plus amples détails
sur le caractère de l’œuvre des hommes qu’ils avaient condamnés à
la flagellation et à l’emprisonnement.
Ils virent la femme qui avait été libérée de son influence diabo-
lique, et ils furent frappés par le changement apporté sur sa physio-
nomie et dans son attitude. Jadis, elle avait occasionné beaucoup
d’agitation dans la ville ; maintenant elle était calme et paisible.
Ils se rendirent compte alors qu’ils avaient, selon toute probabilité,
appliqué à deux innocents la loi romaine dans toute sa rigueur. Ils
furent irrités contre eux-mêmes, et décidèrent de donner des ordres
pour que le matin suivant les apôtres soient secrètement relâchés
et escortés hors de la ville, afin d’être à l’abri de la violence de la
foule.
Mais alors que ces hommes se montraient cruels et vindicatifs,
qu’ils négligeaient les solennelles responsabilités qui leur incom-
baient, Dieu n’oubliait pas de montrer sa clémence à ses serviteurs.
Le ciel tout entier s’intéressait à ces hérauts qui souffraient pour la
cause du Christ, et des anges furent envoyés pour les secourir. Sous
leurs pas, la terre trembla, les portes de la prison, solidement ver-
rouillées, furent grandes ouvertes ; les chaînes et les fers tombèrent