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Conquérants Pacifiques
a déclaré pur, ne le regarde pas comme souillé. Cela arriva jusqu’à
trois fois ; et aussitôt après, l’objet fut retiré dans le ciel.”
Cette vision était à la fois pour Pierre un reproche et un enseigne-
ment. Elle lui révélait le dessein de Dieu, à savoir que, par la mort du
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Christ, les païens devenaient héritiers, comme les Juifs, de la grâce
du salut. Jusqu’à ce moment-là les disciples n’avaient jamais prêché
l’Evangile aux Gentils. Dans leur esprit, le mur de séparation, que
la mort du Christ avait cependant fait tomber, était encore debout ;
ils avaient limité leur prédication aux Juifs, considérant les Gentils
comme exclus des bienfaits de l’Evangile. Mais le Seigneur désirait
enseigner à Pierre que le plan divin englobait le monde entier.
Un grand nombre de païens avait écouté avec intérêt la prédi-
cation de Pierre et des autres apôtres, et beaucoup de Juifs avaient
cru en Jésus. Mais la conversion de Corneille devait être la première
conversion importante parmi les païens.
Le moment était venu où une nouvelle tâche allait être entreprise
par l’Eglise du Christ. La porte que de nombreux Juifs convertis
avaient tenue fermée aux Gentils allait maintenant s’ouvrir sans
plus tarder. Et les Gentils qui accepteraient l’Evangile devaient être
considérés sur un pied d’égalité avec les croyants juifs, sans avoir
besoin d’observer le rite de la circoncision.
Avec quel soin le Seigneur œuvra pour vaincre les préjugés qui
existaient contre les Gentils, préjugés si fermement implantés dans
l’esprit de Pierre, par son éducation juive ! En lui donnant la vision
de la nappe et de son contenu, Dieu essaya d’enlever ces préjugés
de l’esprit de l’apôtre et de lui faire comprendre l’importante vérité
que dans le ciel aucune différence n’existe entre les individus, que
les Juifs et les Gentils sont égaux devant Dieu, que par le Christ
les païens peuvent avoir part aux bénédictions et aux privilèges de
l’Evangile.
Pendant que Pierre méditait sur la signification de cette vision, les
hommes envoyés par Corneille arrivèrent à Joppé, et se présentèrent
à la porte de la maison de l’apôtre. Alors l’Esprit lui dit : “Voici,
trois hommes te demandent ; lève-toi, descends et pars avec eux sans
hésiter, car c’est moi qui les ai envoyés.”
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Cet ordre paraissait dur à Pierre, et ce fut à regret qu’il s’acquitta
du devoir dont il était chargé ; mais il n’osa pas désobéir. Il descendit
et alla vers les hommes envoyés par Corneille, et leur dit : “Voici,