Section 13 — Alimentation de l’enfant
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les substances les plus excitantes. Si ces enfants avaient été habitués,
depuis leur âge le plus tendre, à ne consommer que des aliments
sains, préparés de la manière la plus simple, de façon à préserver
le plus possible leurs propriétés naturelles, et s’ils avaient évité la
viande, les graisses et toutes les épices, le goût et l’appétit auraient
été préservés. Dans cet état naturel, l’appétit peut indiquer, dans
une grande mesure, la nourriture la mieux adaptée aux besoins de
l’organisme.
Tandis que parents et enfants dégustaient ces friandises, mon
mari et moi nous partagions notre simple repas, à l’heure habituelle,
c’est-à-dire treize heures : repas composé de pain complet non beurré
et de fruits. Nous mangeâmes notre collation de bon appétit, et le
cœur reconnaissant de ce que nous n’étions pas obligés de transporter
avec nous toute une épicerie afin de satisfaire les caprices de notre
appétit. Nous mangeâmes de bon cœur et n’éprouvâmes plus aucune
sensation de faim jusqu’au lendemain matin. Le vendeur d’oranges,
de noix, de popcorn et de bonbons nous considéra comme de bien
pauvres clients.
Les aliments consommés par ces parents et ces enfants ne pou-
vaient leur fournir un sang de qualité, ni les maintenir dans de bonnes
dispositions. Les enfants étaient pâles. Certains avaient des taches
dégoûtantes sur le visage et sur les mains. D’autres étaient presque
aveugles avec leurs yeux chassieux, qui les défiguraient beaucoup.
Et d’autres encore ne manifestaient aucune éruption sur la peau,
mais étaient affligés de toux, de rhume, ou de maladies de la gorge et
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des poumons. Je remarquai un petit garçon de trois ans qui souffrait
de diarrhée. Il avait de la fièvre mais semblait penser qu’il n’avait
vraiment besoin que de nourriture. A chaque instant il demandait
du gâteau, du poulet, des condiments. Sa mère répondait à chacune
de ses demandes comme une esclave obéissante ; et lorsque la nour-
riture qu’il réclamait n’arrivait pas assez vite et que les cris et les
appels devenaient désagréablement pressants, la mère répondait :
Mais oui, mon chéri, tu vas l’avoir tout de suite. Dès que les aliments
lui étaient mis en mains, il les jetait rageusement sur le plancher
du compartiment, parce qu’il ne les avait pas reçus assez vite. Une
petite fille abandonna son jambon cuit, ses pickles et son pain beurré
lorsqu’elle découvrit l’assiette sur laquelle je mangeais. Il y avait là
quelque chose qu’elle n’avait pas, et elle refusa de manger. Je pen-