L’alcool et les gens haut placés
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L’euphorie anormale de l’esprit et de l’âme que produit l’in-
tempérance affaiblit les aspirations au perfectionnement moral. Il
devient impossible aux saintes impulsions d’affecter le cœur et de
maîtriser les passions quand elles sont approuvées par l’opinion du
monde et la mode. Festins, réjouissances, danses et usage immodéré
du vin obscurcissent les sens et font disparaître la crainte de Dieu. ...
Alors qu’Hérode et ses grands festoyaient et se réjouissaient,
Hérodias, avilie par la passion et le crime, fit paraître sa fille, vêtue
d’une façon séduisante, devant Hérode et ses hôtes royaux. Salomé
était parée de guirlandes coûteuses et de fleurs. Elle portait des
bijoux étincelants et de brillants bracelets. Peu vêtue, elle dansa sans
retenue devant les hôtes royaux. Cette apparition, pour eux vision
de beauté et de grâce, fascina leurs sens pervertis et les charma.
Au lieu d’être guidés par une raison éclairée, un goût raffiné et une
conscience sensible, ils se laissèrent dominer par leurs penchants les
plus vils. La vertu et les principes n’eurent plus aucune emprise sur
eux.
Le charme trompeur de ce spectacle enchanteur fit perdre à
Hérode et à ses hôtes, grisés par le vin, leur raison et leur dignité. La
musique, le vin et la danse avaient banni de leur esprit toute crainte et
tout respect de Dieu. Rien ne semblait plus sacré aux sens pervertis
d’Hérode. Il était rempli du désir de briller aux yeux des grands
de son royaume. Aussi fit-il la promesse et le serment inconsidérés
d’accorder à la fille d’Hérodias tout ce qu’elle lui demanderait. ...
En possession d’une telle promesse, elle courut auprès de sa
mère pour savoir ce qu’elle demanderait. La réponse maternelle
était prête : la tête de Jean-Baptiste sur un plat. Salomé fut d’abord
horrifiée. Elle ne comprenait pas le sentiment de vengeance qui
animait le cœur de sa mère. Elle refusa de faire une demande aussi
inhumaine ; mais la détermination de cette mère cruelle prévalut. De
plus, elle ordonna à sa fille de ne pas s’attarder, mais de se hâter
de formuler sa requête avant qu’Hérode eût le temps de réfléchir et
de changer d’avis. Aussi Salomé retourna-t-elle auprès d’Hérode
pour lui présenter sa terrible demande : “Je veux que tu me donnes
à l’instant, sur un plat, la tête de Jean-Baptiste. Le roi fut attristé ;
mais, à cause de ses serments et des convives, il ne voulut pas lui
opposer un refus.”