La signature de l’engagement
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Le visage triste et peiné, le jeune homme fit passer le formulaire
aux autres. Vingt à trente personnes suivirent l’exemple de A. et
B. Il revint alors vers eux et d’une manière ferme et décidée, bien
que d’une voix calme, il déclara : “Vous courez tous les deux le
grand danger de succomber à la tentation de l’appétit. L’œuvre de
la réforme doit commencer à votre table et être ensuite propagée
consciencieusement partout et toujours. Votre salut éternel dépend
de votre décision actuelle. Vous avez tous les deux un caractère fort
dans un certain sens, mais vous êtes faibles à d’autres égards. Voyez
ce que votre influence a fait.” Je vis au dos du formulaire les noms
de tous ceux qui avaient refusé de signer. ...
Il leur présenta une nouvelle fois le formulaire et leur dit d’une
voix autoritaire : “Signez ou démissionnez de votre poste. Non seule-
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ment signez, mais tenez-vous-en, sur votre honneur, à vos décisions.
Soyez fidèles à vos principes. En tant que messager de Dieu, je viens
vous demander votre signature. Aucun de vous n’a vu la nécessité
d’une réforme sanitaire, mais lorsque les plaies de Dieu s’abattront
sur le monde, vous comprendrez alors combien sont importants les
principes de la réforme sanitaire et de la stricte tempérance, et vous
verrez que la tempérance seule est à la base de toutes les grâces
qui viennent de Dieu, à la base de toutes les victoires que l’on peut
remporter. Si vous refusez de signer, vous n’en aurez plus l’occasion.
Votre cœur à tous deux a besoin d’être humilié ; que la miséricorde,
la compassion, l’esprit de service remplacent la dureté, la rudesse et
votre détermination de faire progresser vos idées à n’importe quel
prix.” ...
Les mains tremblantes, ils inscrivirent leur nom. Les 30 autres
personnes signèrent. Puis un discours extrêmement solennel fut pro-
noncé sur la tempérance. Le sujet exposé traitait de la table familiale :
“Là, disait l’orateur, se développe le goût des liqueurs fortes. L’appé-
tit et les passions sont les péchés dominants du siècle. L’appétit satis-
fait avec excès influence l’estomac et excite les tendances animales.
L’estomac devient malade. L’appétit déréglé réclame constamment
des stimulants qui permettent à l’organisme de ‘tenir le coup’. Cer-
tains prennent la mauvaise habitude de boire du thé et du café ; ils
passent ensuite au tabac qui engourdit les membranes délicates de
l’estomac et les pousse à désirer quelque chose de plus fort que le
tabac. Ils se tournent alors vers l’alcool.” —
Manuscrit 2, 1874
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