Chapiter 1 — La destruction de Jérusalem
            
            
              C’etait au temps de la Pâque. De tous les pays environnants, les
            
            
              enfants de Jacob étaient accourus dans la ville sainte pour participer
            
            
              à leur grande fête nationale. Du haut de la colline des Oliviers, Jésus
            
            
              contemplait Jérusalem. C’était une scène de paix et de beauté. En-
            
            
              tourés de vignes, de jardins et de gradins verdoyants qu’émaillaient
            
            
              les tentes des pèlerins, s’élevaient en terrasses les palais somptueux
            
            
              et les imposants remparts de la capitale d’Israël. La fille de Sion
            
            
              semblait dire, dans son orgueil : “Je suis assise comme une reine,
            
            
              je ne verrai point de deuil.” Elle était alors aussi belle, et elle se
            
            
              croyait aussi sûre de la faveur divine qu’à l’époque où le barde royal
            
            
              chantait : “Belle est la colline, joie de toute la terre, ... la ville du
            
            
              grand roi
            
            
            
            
              ” En face, se dressaient les magnifiques constructions du
            
            
              [18]
            
            
              temple. Sous les rayons du soleil couchant éclairant la blancheur
            
            
              neigeuse de ses murailles de marbre, rutilaient les ors des tours, des
            
            
              portes et des créneaux. “Parfaite en beauté”, elle était l’orgueil de la
            
            
              nation juive. Aucun fils d’Israël ne pouvait regarder ce tableau sans
            
            
              un frisson de joie et d’admiration.
            
            
              Mais d’autres pensées troublaient le cœur du Maître. “Comme
            
            
              il approchait de la ville, Jésus, en la voyant, pleura sur elle
            
            
            
            
              ” Au
            
            
              milieu de la joie universelle de son entrée triomphale, tandis que
            
            
              s’agitent autour de lui des branches de palmier, que de joyeux ho-
            
            
              sannas réveillent les échos des montagnes et que des milliers de
            
            
              voix le proclament roi, le Sauveur est soudain envahi d’une douleur
            
            
              mystérieuse. Fils de Dieu, espérance d’Israël, vainqueur de la mort
            
            
              et du tombeau, il est saisi, non par un chagrin passager, mais par une
            
            
              douleur si intense que son visage est inondé de larmes.
            
            
              Jésus ne pleurait pas sur lui-même, bien qu’il sût parfaitement
            
            
              où sa carrière devait aboutir. Il voyait devant lui Gethsémané, le
            
            
              lieu de sa prochaine agonie ; plus loin était la porte des brebis par
            
            
              laquelle, des siècles durant, des milliers de victimes avaient été
            
            
              1.
            
            
              Psaumes 48 :3
            
            
              .
            
            
              1.
            
            
              Luc 19 :41
            
            
              .
            
            
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