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Prophètes et Rois
rain, de fer, de bois et de pierre, qui ne voient point, qui n’entendent
point, et ne savent rien ; et tu n’as pas glorifié le Dieu qui a dans sa
main ton souffle et toutes tes voies. C’est pourquoi il a envoyé cette
extrémité de main qui a tracé cette écriture.”
Et, se tournant vers le message divin inscrit sur la muraille, le
prophète lut : MENE, MENE, THEKEL, UPHARSIN. La main qui
avait tracé ces caractères n’était plus visible, mais les quatre mots,
toujours lumineux, se détachaient avec une netteté impressionnante.
L’assistance, haletante, écoutait le vieux prophète déclarer : “Voici
l’explication de ces mots : MENE — compté : Dieu a compté ton
règne, et y a mis fin. THEKEL — pesé : tu as été pesé dans la
balance, et tu as été trouvé trop léger. PERES — divisé : ton royaume
sera divisé, et donné aux Mèdes et aux Perses.”
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Dans cette dernière nuit de folle débauche, Belschatsar et ses
grands avaient mis le comble à leurs péchés et aux péchés du
royaume chaldéen. La main qui avait retardé le châtiment divin
ne pouvait plus le différer. Dieu s’était efforcé par des bénédictions
répétées d’enseigner aux Babyloniens le respect de sa loi. “Nous
avons voulu guérir Babylone, déclarait le prophète Jérémie, mais
elle n’a pas guéri
” L’extrême perversité du cœur humain ne permit
plus de retarder la sentence divine. Belschatsar devait disparaître
pour faire place à un autre royaume.
Lorsque Daniel eut achevé son explication, le roi ordonna qu’on
lui attribuât les honneurs promis. En conséquence, “on [le] revêtit
de pourpre, on lui mit au cou un collier d’or, et on publia qu’il aurait
la troisième place dans le gouvernement du royaume”.
Plus d’un siècle auparavant, la parole inspirée avait prédit que
“la nuit ... de plaisir”, au cours de laquelle le roi et ses conseillers
chercheraient à rivaliser pour blasphémer contre Dieu, serait soudain
changée en une nuit de terreur et de ruine. Or cette nuit-là de rapides
événements se succédèrent, exactement comme l’avait prédit Daniel.
Tandis que Belschatsar se trouvait encore dans la salle du festin,
entouré de ceux dont le sort était lié au sien, on vint annoncer que la
“ville était prise” par l’ennemi contre lequel ils se croyaient si bien
défendus, “que les passages étaient envahis, ... et que les hommes
3.
Jérémie 51 :9