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Prophètes et Rois
mortifié et désappointé : “Les fleuves de Damas, l’Abana et le Parpar,
ne valent-ils pas mieux que toutes les eaux d’Israël ?” “Et il s’en
retournait et partait avec fureur.”
L’orgueil de Naaman se révolta contre les instructions du pro-
phète. Les fleuves mentionnés par le capitaine syrien étaient, en effet,
rehaussés par des rives ombragées que de nombreux idolâtres re-
cherchaient pour y adorer leurs dieux. Naaman n’aurait pas éprouvé
beaucoup d’humiliation d’aller se plonger dans l’un de ces fleuves.
Mais, pour être guéri, il fallait suivre les indications du prophète.
Seule une obéissance volontaire pouvait apporter le résultat désiré.
Les serviteurs de Naaman le supplièrent de suivre les conseils
d’Elisée. “Si le prophète, lui dirent-ils, t’eût demandé quelque chose
de difficile, ne l’aurais-tu pas fait ? Combien plus dois-tu faire ce
qu’il t’a dit : Lave-toi, et tu seras pur.” La foi de Naaman était
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mise à rude épreuve, alors que son orgueil le poussait à la révolte.
Mais ce fut elle qui finit par triompher. Le fier Syrien, dominant
son orgueil, se soumit à la volonté de Dieu. Il se plongea sept fois
dans le Jourdain, “selon la parole de l’homme de Dieu”. Sa foi
fut récompensée, “car sa chair redevint comme la chair d’un jeune
enfant, et il fut pur”.
Plein de reconnaissance, Naaman “retourna vers l’homme de
Dieu avec toute sa suite” ; et il reconnut “qu’il n’y a point de Dieu
sur toute la terre, si ce n’est en Israël”.
Conformément à la coutume de cette époque, Naaman pria Elisée
d’accepter un riche présent de sa part. Mais le prophète refusa. Ce
n’était pas lui qui devait recevoir une récompense pour la bénédiction
accordée à Naaman. “L’Eternel, dont je suis le serviteur, est vivant !
dit-il. Je n’accepterai pas !” Le Syrien “le pressa d’accepter, mais il
refusa”.
“Alors Naaman dit : Puisque tu refuses, permets que l’on donne
de la terre à ton serviteur, une charge de deux mulets ; car ton servi-
teur ne veut plus offrir à d’autres dieux ni holocauste, ni sacrifice, il
n’en offrira qu’à l’Eternel. Voici toutefois ce que je prie l’Eternel de
pardonner à ton serviteur. Quand mon maître entre dans la maison
de Rimmon pour s’y prosterner et qu’il s’appuie sur ma main, je me
prosterne aussi dans la maison de Rimmon : veuille l’Eternel par-
donner à ton serviteur.” “Elisée lui dit : Va en paix.” Alors Naaman,
prenant congé du prophète, s’éloigna “à une certaine distance”.