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Prophètes et Rois
Des années s’écoulèrent. Ce fils avait grandi, et il se rendait dans
les champs avec les moissonneurs. Or un jour, il fut frappé d’insola-
tion, et “il dit à son père : Ma tête ! ma tête !” Celui-ci demanda à
l’un de ses serviteurs de porter l’enfant à sa mère. “Et l’enfant resta
sur les genoux de sa mère jusqu’à midi, puis il mourut. Elle monta,
le coucha sur le lit de l’homme de Dieu, ferma la porte sur lui, et
sortit.”
Dans sa détresse, la Sunamite décida d’aller trouver Elisée pour
lui conter sa peine. Le prophète étant alors sur la montagne du Car-
mel, c’est là que se rendit immédiatement la femme, accompagnée
de son serviteur. “L’homme de Dieu, l’ayant aperçue de loin, dit à
Guéhazi, son serviteur : Voici cette Sunamite ! Maintenant, cours
donc à sa rencontre, et dis-lui : Te portes-tu bien ? ton mari et ton
enfant se portent-ils bien ?” Le serviteur fit ce que lui demandait
son maître. Mais la pauvre mère ne révéla pas la cause de son cha-
grin avant d’avoir vu Elisée. Lorsque le prophète apprit la mort de
l’enfant, il dit à Guéhazi : “Ceins tes reins, prends mon bâton dans
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ta main, et pars. Si tu rencontres quelqu’un, ne le salue pas ; et si
quelqu’un te salue, ne lui réponds pas. Tu mettras mon bâton sur le
visage de l’enfant.”
Mais la mère ne pouvait être satisfaite tant que le prophète ne
consentirait pas à venir avec elle. “L’Eternel est vivant, lui dit-elle,
et ton âme est vivante ! je ne te quitterai point.” Alors il se leva et
la suivit. Guéhazi, les ayant devancés, mit le bâton du prophète sur
le visage de l’enfant, sans obtenir de résultat. Il revint donc à la
rencontre d’Elisée et lui raconta ce qu’il avait fait. “L’enfant ne s’est
pas réveillé”, lui dit-il.
Lorsqu’ils arrivèrent à la maison de la Sunamite, Elisée se dirigea
immédiatement vers la chambre où reposait l’enfant. Il “entra et
ferma la porte sur eux deux, et il pria l’Eternel. Il monta, et se
coucha sur l’enfant ; il mit sa bouche sur sa bouche, ses yeux sur ses
yeux, ses mains sur ses mains, et il s’étendit sur lui. Et la chair de
l’enfant se réchauffa. Elisée s’éloigna, alla çà et là par la maison,
puis remonta et s’étendit sur l’enfant. Et l’enfant éternua sept fois,
et il ouvrit les yeux.”
Le prophète appela alors Guéhazi pour qu’il aille chercher la
mère. “Elle vint vers Elisée, qui dit : Prends ton fils ! Elle alla se