Elisée assainit les eaux du Jourdain
157
le Seigneur compare ses enfants au sel, il veut dire qu’en en faisant
les objets de sa grâce, ils contribueront au salut de leur prochain.
Le but de Dieu en choisissant un peuple entre tous n’était pas
seulement d’adopter des fils et des filles, mais de se servir d’eux
pour communiquer au monde la grâce qui apporte le salut. Lorsque
le Seigneur choisit Abraham, ce n’était pas simplement pour en
faire un ami particulier, mais pour que, par son moyen, les privi-
lèges qu’il destinait aux nations leur fussent accordés. Ce que le
monde réclame, ce sont des preuves d’un christianisme authentique.
Le poison du péché exerce ses ravages au sein de la société. Les
villes et les villages sont submergés par le vice et l’immoralité. La
maladie, la souffrance, l’iniquité abondent partout. De toute part,
on voit des hommes harcelés par la misère et la détresse, accablés
par le sentiment de leur culpabilité et courant à leur perte, faute
d’une influence salvatrice. Ils connaissent l’Evangile, et cependant
ils périssent parce que l’exemple de ceux qui devraient leur com-
muniquer “une odeur de vie donnant la vie” ne leur apporte que la
mort. Leur âme s’abreuve d’amertume, car les sources qui devraient
jaillir pour produire les eaux de la vie éternelle sont des fontaines
empoisonnées.
[176]
Le sel doit être mélangé à la substance à laquelle on l’incorpore ;
il faut qu’il la pénètre, l’imbibe pour en garantir la conservation. De
même, un contact personnel est indispensable, pour que les hommes
puissent être atteints par la puissance salvatrice de l’Evangile. On
n’est pas sauvé collectivement, mais individuellement. L’influence
personnelle est une force ; l’exercer à bon escient, c’est collaborer
avec le Christ, c’est relever les âmes que le Christ relève, c’est
inculquer de nobles principes, endiguer les progrès de l’immoralité.
C’est répandre la grâce que le Christ seul confère, épurer et affiner la
vie et le caractère du prochain, lui offrir un exemple irrépréhensible :
une foi et un amour sincères.
Le Seigneur déclara au sujet des eaux impures de Jéricho : “J’as-
sainis ces eaux ; il n’en proviendra plus ni mort, ni stérilité.” La
source souillée représente l’âme séparée du ciel. Le péché éloigne
non seulement de Dieu, mais il enlève de l’âme le désir et le pou-
voir de le connaître. Il jette le désordre dans l’organisme, l’esprit
est troublé, l’imagination pervertie, l’âme avilie. La religion pure
et sans tache, la sainteté du cœur font alors totalement défaut ; la