De Jizreel à Horeb
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Elie et Achab se séparèrent aux portes de Jizreel. Le prophète
préféra demeurer hors des murs de la ville. Il s’enveloppa de son
manteau et s’étendit sur le sol dénudé pour dormir. Le roi entra dans
la ville et atteignit rapidement le toit protecteur de son palais. Là, il
raconta à la reine les merveilleux événements qui s’étaient déroulés
dans la journée et la magnifique révélation de la puissance divine
qui avait convaincu Israël que l’Eternel est le vrai Dieu et Elie le
messager désigné par le ciel. Mais, lorsque Jézabel, impénitente et
endurcie, entendit le récit du massacre des prophètes idolâtres, elle
entra dans une violente colère. Refusant de reconnaître dans les
événements du Carmel la souveraine providence de Dieu, et toujours
provocante, elle déclara délibérément qu’Elie serait mis à mort.
Cette nuit-là, un messager de la reine réveilla le prophète harassé
de fatigue, et lui remit ce message de Jézabel : “Que les dieux me
traitent dans toute leur rigueur, si demain, à cette heure, je ne fais de
ta vie ce que tu as fait de la vie de chacun d’eux !”
On aurait pu croire qu’après avoir montré un si grand courage
et obtenu une si éclatante victoire sur le roi, les prêtres et le peuple,
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le prophète ne pourrait plus jamais connaître le découragement, pas
plus qu’il ne se laisserait intimider par qui que ce soit. Cependant,
celui qui avait été l’objet d’une manière si manifeste de la tendre
sollicitude de Dieu n’était pas à l’abri des faiblesses humaines. A
cette heure sombre, sa foi et son courage l’abandonnèrent. Tout
décontenancé, il se leva. La pluie continuait à se déverser du ciel,
les ténèbres enveloppaient toutes choses. Le prophète oubliait que
trois ans auparavant Dieu l’avait conduit en lieu sûr pour échapper à
la haine de Jézabel et aux recherches d’Achab. Maintenant il fuyait
pour sa vie. Il arriva à Beer-Schéba, “et il y laissa son serviteur. Pour
lui, il alla dans le désert ... après une journée de marche”.
Elie n’aurait jamais dû abandonner le lieu où le devoir l’appe-
lait. Il aurait dû affronter la colère de Jézabel, en faisant appel à
la protection de celui qui l’avait envoyé pour venger l’honneur de
son nom. Il aurait dû dire au messager de la reine que le Dieu en
qui il se confiait le protégerait. Quelques heures seulement s’étaient
écoulées depuis qu’il avait assisté à la merveilleuse manifestation
de la puissance divine. Cela aurait dû lui donner l’assurance qu’il ne
serait pas abandonné. En restant où il était, et en faisant de Dieu son
refuge et sa force, il aurait été préservé de tout mal. Le Seigneur lui